Tunisie : les opportunistes se bousculent au portillon de Kaïs Saïed

L’initiative appelée Pour la victoire du peuple, qui a profité du boycottage des dernières législatives par la plupart des partis qui comptent en Tunisie pour faire élire un certain nombre de ses candidats, a formé un bloc parlementaire de 42 députés et entamé des consultations avec 16 autres, a annoncé Zouhair Hamdi, l’un de ses membres.

Cette initiative, rappelons-le, est constituée de gauchistes en rupture avec leur famille politique et de nationalistes arabes adorateurs invétérés des dictateurs, rassemblés autour d’un même objectif : exister politiquement aux côtés du président Kaïs Saïed qu’ils soutiennent sans conditions et dont ils attendent qu’il leur jette quelques miettes, notamment des nominations à quelques postes ministériels.

L’un des leurs, l’ex-secrétaire général adjoint de l’Union générale tunisienne du travail (UGTT), Mohamed Ali Boughdiri, entré en dissidence contre la direction actuelle de la centrale syndicale, n’a-t-il pas été récemment promu ministre de l’Education sans qu’on ne lui connaisse la moindre compétence dans ce domaine ? De quoi aiguiser l’appétit de futurs parvenus…    

Zouhair Hamdi, secrétaire général du Courant populaire, un petit parti de tendance nationaliste arabe, a mis en garde contre les pressions exercées sur les nouveaux députés pour les dissuader de rejoindre ladite initiative, en appelant le parquet à intervenir et les médias à «démasquer les lobbies derrière ces pratiques».

Tout en affirmant que l’initiative Pour la victoire du peuple a commencé à former un bloc parlementaire «influent», Hamdi a ajouté qu’elle examinera avec ses partisans la composition de la prochaine assemblée (présidence, commissions et bureau parlementaire), et démenti au passage l’information selon laquelle l’ex-Bâtonnier Brahim Bouderbala serait le candidat de l’initiative à la présidence du parlement.

Concernant les élections législatives, Hamdi a indiqué qu’elles se sont déroulées «dans de bien meilleures conditions que les précédentes en l’absence de pression des lobbies et d’argent sale», feignant d’oublier que le taux de participation à ces élections n’a pas dépassé 11,4%, très maigre pour légitimer une assemblée qui va fonctionner comme une simple chambre de résonnance des désidératas du président Kaïs Saïed.  

Le bloc parlementaire de l’initiative Pour la victoire du peuple défendra les choix du peuple, des catégories démunies et des régions marginalisées, a encore déclaré M. Hamdi cité par l’agence Tap. L’initiative s’emploiera également à proposer et à soutenir les réformes politiques, économiques et sociales auxquelles aspirent les Tunisiens, a-t-il ajouté, restant ainsi au niveau des généralités qui cachent mal le fait que cette initiative faite de bric et de broc, constituée dans l’urgence dans le sillage du projet politique autoritaire du président Saïed, est démunie de tout programme digne de ce nom. Un ramassis d’opportunistes à la petite semaine, en somme, qui rassemble, entre autres, l’ex-bâtonnier Brahim Bouderbala, Mbarka Brahmi (député du Courant Populaire), Mongi Rahoui (député Watad) et Ridha Chiheb Mekki alias Ridha Lenine (un proche du chef de l’Etat), Rafaa Tabib (universitaire), Mohamed Ali Boughdiri (dissident de l’UGTT), et d’autres candidats à des postes gouvernementaux.

I. B.

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