Pour l’avocat membre du Front populaire Abdennaceur Laouini, il n’y a pas de place en Tunisie pour les djihadistes, «ces ennemis de la démocratie».
Depuis l’attentat de Berlin et la décision allemande d’accélérer l’extradition des déboutés du droit d’asile tunisiens, le débat sur le retour des djihadistes fait rage en Tunisie et les dirigeants du parti islamiste Ennahdha soutiennent ce droit au retour.
Il y a urgence, plus que jamais, pour la Tunisie de se déterminer clairement sur cette question du retour des djihadistes tunisiens qui ont rejoint – en Irak, Syrie et Libye, notamment – les rangs de groupes terroristes, qui ont mené des campagnes militaires au nom de causes non-tunisiennes, tué, détruit et autour desquels l’étau se resserre, chaque jour encore plus.
Aujourd’hui, selon les chiffres du ministère de l’Intérieur, environ 800 d’entre ces «combattants» ont déjà regagné le pays – sur un total qui reste très difficile à fixer: 3000, 5000 ou plus d’hommes et de femmes tunisiens de naissance qui, par conviction intime ou parce qu’ils ont été manipulés, ont porté d’autres drapeaux et fait don de leurs vies à une autre «patrie».
Pour Me Laouini, qui s’inscrit clairement en opposition avec la position des dirigeants islamistes, à commencer par leur chef Rached Ghannouchi, «il n’y a pas de place en Tunisie pour ces gens-là, car ils ont renié leur appartenance à notre pays.»
Invité, mercredi 27 décembre 2016, de l’émission ‘‘7/24’’ d’El-Hiwar Ettounsi, l’avocat a expliqué que ces djihadistes ont eux-mêmes choisir de se déchoir de la nationalité tunisienne.
Plaçant le débat dans le contexte de la rédaction et l’adoption de la deuxième Constitution tunisienne, en janvier 2014, Me Laouini a rappelé que la Loi fondamentale du pays «a été écrite avec le sang des martyrs Chokri Belaïd, Mohamed Brahmi et de celui des forces de sécurité et de l’armée qui ont trouvé la mort au Mont Chaambi ou dans d’autres confrontations avec ces terroristes.»
Pour l’avocat frontiste, les choses sont claires: «La Constitution a été rédigée contre les assassins de nos martyrs, contre ceux qui ne croient pas en l’Etat civil et démocratique, c’est-à-dire l’Etat fondé sur la citoyenneté de ses membres, auxquels il reconnait des droits et auxquels il définit aussi des devoirs envers la Tunisie.»
«Il n’y a aucun autre type de relation entre le citoyen tunisien et la patrie tunisienne», martèle-t-il. Il ajoute: «En Tunisie post-révolutionnaire, il y a eu certains éléments qui ont rejeté la Constitution tunisienne et excommunié tous ceux qui ont rédigé et adopté ce texte. Ces gens-là considèrent ce document comme étant laïc et du coup, pour eux, il s’agit d’un texte qui ne mérite pas leur respect. C’est ainsi qu’ils se sont placés hors de toute constitutionnalité et qu’ils ont déclaré leur intention d’enfreindre les lois de l’Etat démocratique…»
Pour Me Laouini, ce sont donc «des ennemis de la Tunisie: ils ne croient en l’Etat civil et démocratique, ils ne croient en la Constitution et ils ne croient pas en la patrie.»
Et de conclure: «Ce sont des ennemis de la Tunisie. Ce sont des ennemis du peuple tunisien. Ils ont sciemment choisi de se placer hors du contrat liant le citoyen tunisien à la patrie tunisienne» et ne méritent donc pas que la Tunisie, leur pays de naissance, les réintègre lorsqu’ils optent pour le retour…
Marwan Chahla
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