Les souscriptions à la deuxième tranche de l’emprunt obligataire national 2023, dont le montant est fixé à 700 millions de dinars tunisiens (MDT), démarrent ce lundi 8 mai.
Pour la troisième année consécutive, la Tunisie émet des emprunts obligataires nationaux comme mécanisme de financement du budget de l’Etat, compte tenu de la difficulté pour le pays de sortir sur les marchés financiers internationaux, en raison du retard pris dans l’approbation de l’accord avec le Fonds monétaire international (FMI) au titre du Mécanisme élargi de crédit (MEDC), d’un montant d’environ 1,9 milliard de dollars, malgré l’accord au niveau des services du FMI conclu avec la Tunisie, le 15 octobre 2022.
L’analyste financier, Bassem Ennaifer a indiqué dans une déclaration à l’agence TAP que l’émission des emprunts obligataires par l’Etat vise à diversifier les sources de financement du budget.
«Le gouvernement ambitionne de mobiliser, à travers l’émission des emprunts obligataires nationaux, un montant de 2,8 milliards de dinars, pour toute l’année 2023, contre environ 2 994 MDT au cours de l’année précédente et 1 806 MDT en 2021», a expliqué Ennaifer, tout en estimant que la souscription à la deuxième tranche de l’emprunt obligataire national devrait réussir à dépasser l’objectif prévu (700 MDT), à la lumière des préparatifs réalisés à cet effet, par le ministère des Finances et les institutions financières telles que les banques, les assurances et les intermédiaires en bourse.
Pour mémoire, la Tunisie a réussi, en février 2023, à mobiliser un montant de 715 MDT, au titre de la première tranche de l’emprunt obligataire national pour l’exercice 2023, dépassant, ainsi, l’objectif prévu estimé, également, à 700 MDT.
Le 20 avril 2023, la ministre des Finances a publié dans le numéro 40 du Journal officiel de la république tunisienne (Jort), les spécificités et les conditions de l’émission de la deuxième tranche de l’emprunt obligataire national 2023.
La souscription dans cette tranche débutera le 8 mai 2023 et se poursuivra au 17 mai prochain avec la possibilité de clôturer la souscription avant cette date ou la prolonger.
La souscription dans l’emprunt obligataire national est possible selon le choix du souscripteur dans les trois catégories : catégorie «A» d’une valeur nominale pour chaque titre de 10 dinars, la catégorie «B» d’une valeur nominale pour chaque titre de 100 dinars avec une période de remboursement de 7 ans alors que la catégorie «C» porte une valeur nominale pour chaque titre de 100 dinars avec une période de remboursement de 10 ans.
Les taux d’intérêt pour ces trois catégories représentent respectivement 9,75% par an, 9, 80% et 9,95% par an.
Ennaifer a souligné que, même si le mécanisme de bons de trésor assimilables «BTA» reste utile, les banques préfèrent la souscription aux emprunts obligataires étant donné «leur rentabilité notamment grâce aux taux d’intérêt appliqués aux souscriptions aux emprunts obligataires».
Il a expliqué que l’État, en général, n’émet pas d’emprunts obligataires à long terme, mais effectue plutôt des opérations d’adjudication d’échange en émettant de nouveaux BTA pour racheter les anciens.
«Les opérations de souscription aux bons de trésor assimilables de la part des banques pourraient poser des difficultés au niveau de la gestion. Si la souscription aux bons de trésor émis par l’Etat est une démarche positive pour les banques», l’expert a considéré nécessaire de respecter les échéances de remboursement, ce qui n’est pas le cas actuellement, ou de réaliser des opérations d’adjudication d’échange en émettant d’autres BTA.
D’autre part, l’analyste financier a appelé les personnes physiques à s’intéresser davantage aux emprunts obligataires dans le cadre de la diversification des sources de contribution à la souscription et à ne pas se limiter à la contribution des institutions financières (banques, assurances et intermédiaires en Bourse).
Il a évoqué, dans ce contexte, l’importance du rôle de la Caisse des dépôts et consignations (CDC). En effet, dans le cadre de son intervention sur le marché secondaire, la CDC s’était engagée en 2022, à racheter les obligations souscrites par les petits porteurs et proposées à la vente.
Ennaifer a expliqué que la CDC s’est engagé à continuer à acquérir les BTA d’investisseurs privés et de personnes physiques, même en 2023.
En ce qui concerne les banques, il a fait remarquer que la participation au processus de souscription à l’emprunt obligataire leur permet de mieux récupérer leur argent que lors des opérations d’acquisition des bons de trésor et d’éviter ainsi la longueur des procédures. Cette démarche leur fournit une flexibilité dans les modes de gestion.
En termes de rentabilité financière, l’expert a souligné que souscrire à des emprunts obligataires nationaux est préférable pour les banques que de souscrire à des obligations émises par des entreprises. Et d’expliquer : «Tant que le délai de grâce est long pour les souscriptions aux emprunts obligataires nationaux (jusqu’à 10 ans), la rentabilité sera plus élevée pour le souscripteur, ce qui permettra aux banques de réaliser de grands bénéfices».
D’après Tap.
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