Il n’est point possible de sortir la Tunisie de son marasme économique et social sans une stratégie globale de développement où la question sociale occupe la place centrale.
Par Amor Abbassi*
La situation économique et sociale de la Tunisie est catastrophique. Et les indicateurs alarmants ne manquent pas…
La dette publique (contractée par l’État) s’est élevée, à fin 2014, à 41.754 millions de dinars (MD), ce qui représente 49,1% du PIB. Cette dette est contractée à 36% auprès du marché intérieur tunisien et libellée en dinars et le reste, soit 64%, sur le marché extérieur, en devises étrangères: soit près de 30.000 MD, fluctuant en fonction du cours du dinar vis-à-vis du dollar, de l’euro et du yen japonais. Si on intègre la dette des entreprises et des ménages, la dette totale tunisienne s’élèverait à 96.721 MD, soit 126,7% du PIB. Plus de la moitié de la dette extérieure (53%) est contractée à travers la coopération internationale (Banque mondiale, FMI, BEI, BAD, Fades…), 26% à travers les relations bilatérales (notamment, la France, plus de 3.000MD, et Japon, plus de 1.000 MD) et 21% auprès des marchés financiers internationaux.
Par ailleurs, le déficit de la balance commerciale s’est élevé à 11.800 MD, selon le rapport de la Banque centrale de Tunisie (BCT) du 26 Novembre 2014, soit l’équivalent de 6.330 millions de dollars (US$).
Quant aux avoirs en devises, ils étaient estimés, au 25 décembre 2014, à 12.759 millions de US$, garantissant 112 jours d’importation.
Ces réserves, jugées raisonnables, devaient être renforcées par le décaissement de la 5e tranche du prêt du FMI et de celui la Banque Mondiale, d’une valeur de 500 millions US$, entre janvier et mars 2015.
Le taux de chômage, estimé à 15,3 %, correspond à 605.800 chômeurs, dont 241.300 diplômés du supérieur et ce, pour une population active totale de 3.399.800.
Il faut savoir, en outre, qu’en 20 mois de pouvoir, la Troïka (l’ancienne coalition au pouvoir dominée par le parti islamiste
ayant conduit le pays entre décembre 2011 et janvier 2014) a contracté des montants faramineux de cette dette extérieure.
Cette sombre situation exige un choix extrêmement fin du Premier ministre et des membres de son gouvernement, basé essentiellement sur la compétence, l’honnêteté et, surtout, le courage, car la tâche qui permettra au pays de sortir du tunnel sera ardue. Cette tâche de longue haleine doit reposer sur la mise en application planifiée d’une stratégie globale de développement économique et social de rendement élevé.
Malheureusement, le gouvernement atypique composé par Habib Essid a reçu l’aval de l’Assemblée sur un maigre programme de replâtrage et il est peu probable qu’il pourra réaliser les aspirations du peuple, celles-là mêmes pour lesquelles il avait fait la Révolution.
L’actualité des mouvements sociaux ne cesse malheureusement de nous en donner la preuve.
* Ingénieur général du génie maritime.
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