La Tunisie s’endette pour… protéger l’Europe des flux migratoires !  

L’endettement n’est pas la solution à l’émigration, ni en Tunisie ni ailleurs. C’est plutôt le contraire, plus les pays pauvres sont surendettés, plus ils dégradent leurs capacités à livrer les services publics, et à créer de la prospérité. Résultat, les conditions de vie se dégradent et les jeunes choisissent l’exode…

Par Moktar Lamari *

L’Union européenne (UE) a offert à la Tunisie 900 millions d’euros (environ 971 millions de dollars) de prêts à long terme et 150 millions d’euros de soutien immédiat à l’économie afin d’endiguer le flux de migrants à travers la Méditerranée vers l’Italie.

Cependant, la crise migratoire a des racines plus profondes et ne sera pas résolue par un financement supplémentaire.

L’offre de prêts intervient après que le Premier ministre italien Giorgia Meloni s’est rendue en Tunisie le 6 juin pour rencontrer les dirigeants tunisiens et chercher des moyens de renforcer l’économie du pays. Elle a déclaré que sans stabilité financière en Tunisie, l’Europe pourrait faire face à une nouvelle vague de réfugiés et de migrants d’Afrique du Nord. Elle a également demandé au Fonds monétaire international (FMI) d’assouplir ses normes de prêt pour notre pays.

Le président Kaïs Saïed et le Premier ministre Najla Bouden ont rencontré la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen, le Premier ministre italien Giorgia Meloni et le Premier ministre néerlandais Mark Rutte.

En plus de l’aide budgétaire, ils ont discuté des investissements possibles dans l’Internet haut débit, des projets d’hydrogène et d’autres énergies renouvelables, des infrastructures numériques pour aider l’économie tunisienne. Ils ont également parlé de fonds distincts pour les opérations de recherche et de sauvetage des migrants et les opérations de lutte contre la contrebande.

Selon un rapport de l’Onu, au cours des quatre premiers mois de cette année, 42 201 réfugiés et migrants sont arrivés en Italie par mer, contre 10 761 à la même période l’année dernière. Parmi eux, 58% ont quitté la Tunisie.

Les problèmes de migration sont de «plus un problème de l’économie» qui ont été créés par les pays occidentaux qui ont colonisé l’Afrique. Cependant, il estime qu’il s’agit d’un problème que l’argent supplémentaire «ne peut pas résoudre». «La migration est l’un des effets de la colonisation», a-t-il ajouté.

Les Occidentaux se soucient de «leurs intérêts … de leurs pays, ils ne se soucient ni de l’Afrique ni de l’Afrique du Nord», a-t-il conclu, et encore moins de la Tunisie au chevet de laquelle ils ont accouru cette semaine.

* Economiste universitaire.

Source : Economics for Tunisia, E4T.

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