La grande actrice Raja Ben Ammar est décédée dans la soirée du 4 avril 2017. Elle était souffrante et avait des problèmes cardiaques découverts récemment.
Avec le décès de cette grande dame de la scène, le théâtre tunisien perd l’une de ses égéries et de ses inspiratrices qui a formé plusieurs générations d’acteurs et d’actrices talentueux, au sein des troupes qu’elle a créées tout au long de sa riche carrière, notamment le Théâtre Phou, ou encore dans son théâtre CineMad’Art, à Carthage, qu’elle a animé, avec son époux et compagnon, l’acteur et metteur en scène Moncef Sayem.
Passionnée de théâtre dès son jeune âge, Raja Ben Ammar a joué ses premiers rôles dans le théâtre scolaire, avant de partir en Allemagne où elle a suivi, pendant deux ans, avec son futur époux et compagnon de route Moncef Sayem, des cours de théâtre à la prestigieuse école Maximilianuniversität de Munich.
Performance de Raja Ben Ammar et Moncef Sayem « Qui a tué Chokri? », à El Téatro, le 7 février 2014.
A son retour à Tunis, elle a intégré la Troupe du Kef sous la direction de feu Moncef Souissi, avant de participer à l’aventure de la troupe du Nouveau Théâtre de Tunis, la première compagnie indépendante tunisienne, aux côtés de Fadhel Jaibi, Jalila Baccar, Mohamed Driss, Fadhel Jaziri et feu Habib Masrouki.
C’était l’une des périodes les plus passionnantes et créatives du théâtre tunisien. Et c’est avec Moncef Sayem, Taoufik Jebali et Raouf Haddaoui que Raja Ben Ammar créera, en 1980, la deuxième compagnie privée en Tunisie, le Théâtre Phou, qui produira plusieurs pièces à succès dont elle était la vedette: ‘‘El Amal’’ (1986), ‘‘Saken Fi Hay Essaida’’ (1989) ou ‘‘Bayaa El Hawa’’ (1995), qui lui ont permis d’obtenir le prix de la meilleure comédienne dans le cadre des Journées théâtrales de Carthage en 1987, 1989, et 1995.
‘‘Fenêtre’’, dernière création de Raja Ben Ammar et Moncef Sayem.
C’est elle qui lancera en Tunisie la danse-théâtre (en allemand, Tanztheater), une branche de la danse qui utilise l’expressivité et la théâtralité dans l’écriture chorégraphique et les mouvements des danseurs, dont elle fera sa grande affaire, en multipliant les créations dont elle est, souvent, le chef d’orchestre, à la fois auteure, metteure en scène et actrice, toujours avec la complicité de Moncef Sayem.
Raja Ben Ammar n’a pas beaucoup joué pour le petit et le grand écrans, car elle est restée jusqu’au bout une femme de la scène. On se souvient, cependant, de son rôle dans ‘‘Halfaouine, l’enfant des terrasses’’, le film a succès de Ferid Boughedir (1990).
I. B.
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