Ce qui s’est passé le 25 juillet 2021 est une révolte populaire visant à corriger la voie révolutionnaire après des années de frustration, de pauvreté, de maladie et de souffrance. J’ai dit à plusieurs reprises que la révolution tunisienne était inachevée et que, dans son être, c’est une voie contrôlée par la volonté du peuple.
Par Fathi Triki *
Vivons-nous encore une période de transition démocratique ? Oui, mais nous vivons la période de transition la plus révolutionnaire, et nous devons y accorder une plus grande attention.
La démocratie ne se réduit pas au vote; elle est fondamentalement une mobilisation populaire dans laquelle la rue est l’acteur déterminant des pratiques démocratiques.
Révolte contre Ennahdha et les corrompus qui lui sont associés
Les décisions du président sont sans doute constitutionnelles. Je ne suis pas spécialiste en droit constitutionnel. Cependant, grâce à ma formation philosophique, je peux confirmer que l’approche de Kais Saied adopte une interprétation qui réduit l’écart entre le texte littéral de la Constitution et la nouvelle réalité de la rue; tandis que la compréhension de Yadh Ben Achour s’en est tenue strictement au texte.
Le parti Ennahdha a choisi de travailler avec des lobbies corrompus à l’intérieur et à l’extérieur du parlement et de s’allier avec eux au lieu d’être d’être au service des ambitions du peuple et de ses exigences. Il pensait que cela permettrait de maintenir sa position au pouvoir en exploitant la force de ces lobbies. Cependant, c’est le contraire qui s’est produit: c’est Ennahdha qui est devenu leur instrument. C’est à travers ce parti que ces lobbies de la corruption sont parvenus au pouvoir au point qu’ils ont fait promulguer à leur strict avantage nombre de lois. C’est ce qui a amené le peuple à se révolter contre Ennahdha et contre les corrompus qui lui sont associés.
La construction d’un nouveau système économique, social et politique
Ces décisions vont-elles assurer la durabilité du régime démocratique ?
Je ne sais pas. Tout cela pourrait mener à un retour de la dictature. Mais le peuple tunisien est toujours conscient et combattant, et ceux qui envisagent sa défaite se trompent énormément; ils courent au suicide politique.
Ce qui est important aujourd’hui, c’est que ces décisions conduisent d’urgence à la destruction des lobbies de la corruption et à la libération des partis de leurs griffes et permettent d’annihiler la pandémie et la pauvreté.
À moyen et long terme, la cible devrait être la construction d’un nouveau système économique, social et politique fondé sur la solidarité, la synergie et le vivre ensemble selon la règle de la dignité.
* Philosophe et universitaire.
Donnez votre avis