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Des pistes pour développer l’agriculture et la pêche en Tunisie

Agriculture

L’encouragement de l’investissement, le développement de l’irrigation et le soutien de l’aquaculture pourraient impulser l’agriculture et la pêche en Tunisie.

Par Amor Abbassi*

Cet article propose une série d’incitations et d’encouragements visant à porter le produit de la pêche à 150.000 tonnes/an à l’horizon 2019 et améliorer d’autant la valeur globale des exportations du secteur.

1) Encouragement de l’investissement agricole :

Le surendettement des agriculteurs tunisiens constitue un obstacle au développement du secteur et à l’investissement dans les activités agricoles. C’est ce qui ressort d’une récente étude sur «le financement agricole en Tunisie».

Cette étude, réalisée par la Banque Mondiale, l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) et l’Agence française de développement (AFD), en réponse à une requête du gouvernement tunisien remontant à 2009, a avancé 15 propositions pour accroître l’efficacité du financement du secteur agricole.

Ces propositions s’articulent autour de 5 axes : le renforcement du rôle de la micro finance dans le financement de l’agriculture, l’amélioration nécessaire de la gestion des risques, le développement du rôle des organismes professionnels dans le financement de l’agriculture, ainsi que l’amélioration de la qualité des services financiers à l’agriculture.

Une autre étude, présentée récemment au cours d’un atelier de réflexion à Tunis, a appelé à la rationalisation de l’endettement des agriculteurs tunisiens dont le quart, soit environ 120.000, sont surendettés et 70% sont des petits agriculteurs.

Il faut signaler, enfin, que l’Etat a décidé l’abandon de tous les intérêts de retard et les intérêts contractuels des dettes des agriculteurs, dont le principal ne dépasse pas 2.000 dinars. Cette mesure, qui a soulagé momentanément les petits agriculteurs faisant face à de gros problèmes de financement, est demeuré insuffisante. Elle devrait être évaluée du point de vue impact et  suivie par d’autres mesures si nécessaire.

2) Développement du secteur irrigué :

La part du secteur irrigué dans la valeur de la production agricole totale est estimée à 35% et pourrait atteindre les 50% en peu de temps, grâce à la création et l’exploitation de nouvelles ressources hydrauliques (construction de nouveaux barrages, lacs collinaires, exploitation des nappes phréatiques profondes…), permettant d’étendre les périmètres irrigués.

3) Renforcement de l’assurance agricole :

Le faible accès des producteurs à l’assurance-agricole constitue une pierre d’achoppement au développement de l’agriculture tunisienne. Bien que le secteur agricole contribue à 9% du PIB du pays et emploie 2,5 millions de personnes, il reste encore une terra incognito pour les assureurs.

En effet, selon les chiffres avancés par le ministère de l’Agriculture, 7% seulement des agriculteurs, 10 % des grandes cultures, 7% du bétail bovin de race pure et une proportion négligeable de pêcheurs disposent d’une assurance. Et pourtant, les risques agricoles ont un coût : rien que pour les 8 premiers mois 2014, les pertes agricoles dues aux aléas climatiques ont atteint 50  millions de dinars (MD).

Actuellement, En Tunisie, le chiffre d’affaires de l’assurance agricole ne représente que 4% du chiffre d’affaires total généré par le secteur des assurances. Le retard à rattraper reste important…

4) Le secteur de la pêche et de l’aquaculture :

La production de la pêche benthique a accusé une baisse de 11%, durant l’année 2011, en régressant de 37.000 tonnes en 2010, à 33.000 en 2011. Cette production est restée pratiquement stable jusqu’à aujourd’hui. Cette production peut être portée à 55.000 tonnes sans nuire au renouvellement des ressources.

Les ressources pélagiques, qui correspondent au poisson bleu (maquereau, sardine, etc.), demeurent, quant à elles, sous-exploitées. Alors que la production est en moyenne de 50.000 tonnes pour cette catégorie de poissons, on estime que le chiffre de 116.000 tonnes pourrait être atteint sans que les conditions de renouvellement des ressources ne soient mises à mal.

Compte tenu des niveaux de productions atteints, il y a lieu d’encourager l’investissement pour l’acquisition de moyens de production (chalutiers et embarcations de pêche pélagique) supplémentaires en vue d’augmenter cette production.

L’aquaculture en Tunisie est une activité très ancienne qui remonte à l’époque romaine comme l’attestent les mosaïques du Musée du Bardo. Elle comprend : la conchyliculture (élevage des moules et des huîtres), la pisciculture marine et la pisciculture continentale.

Le produit de cette activité a enregistré une progression continue ces dernières années pour atteindre 12.000 tonnes en 2014. Cette progression est due à l’amélioration de la capacité de production des unités d’élevage (extension), et l’entrée en activité de  nouvelles sociétés. Cet effort devra être soutenu et encouragé pour atteindre une production de 20.000 tonnes à l’horizon de 2019.

La production de l’aquaculture a enregistré une augmentation continue ces dernières années résultant d’une augmentation de la capacité de production des unités d’élevage, et l’entrée en activité de nouvelles sociétés. Cet effort devrait être renforcé…

* Ingénieur général du génie maritime.

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