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Après l’attentat de Tunis : Un couvre-feu qui en rappelle un autre

Tunis-couvre-feu

La Tunisie sera toujours pour ses enfants un nid de sécurité, de vie et d’épanouissement, et une terre de paix et de labeur.

Par Fèten Mkaouar Meziou*

«Couvre-feu sur le Grand-Tunis» : une phrase qui nous renvoie directement quatre ans en arrière, aux débuts de l’année 2011. Cette année-là qui a vu les révolutions arabes pour des démocraties tant rêvées, démocraties qui sont aujourd’hui, soit déjà mortes nées, soit gravement contaminées par le terrorisme, pour ne pas dire fortement regrettées par ceux qui les ont faites.

Les voleurs de révolutions

Il est révolu le temps de ce couvre-feu plus apaisant et jubilant qu’angoissant et déprimant, il est révolu le temps des Tunisiens unis et fiers de l’être, des citoyens conscients d’un seul ennemi commun, du peuple prêt à tout défier et avide de progrès et de libertés. Et pourtant, ce temps des rêves n’est pas si lointain que ça, le constat est peut être hasardeux, mais notons que, nous sommes exactement à quatre ans après les élections du 23 novembre 2011, c’était quelques mois après la révolution, lorsque furent «réussies» les premières élections.

Aujourd’hui, nous nous trouvons contre toute volonté citoyenne obligés de nous plier à un couvre-feu plutôt inquiétant à la suite d’une attaque terroriste contre ceux qui nous ont assistés et protégés lors du couvre-feu d’il y a quatre ans… C’est peut-être un détail, mais il peut être vu de taille, une ironie du sort, mais ça devrait être surtout révélateur et éveilleur de remords, puisque tout au long des histoires de guerres, le langage des signes et des symboles a toujours été parlant.

Si c’est la «volonté» du peuple qui a déclenché la révolution, c’est le corps de la sécurité présidentielle qui a encadré la réussite des premiers jours suivant cette révolution. C’est ensuite la continuité du travail des Tunisiens, dans l’espoir et la bonne humeur, toujours assistés par le système sécuritaire encore saint de toute contamination partisane, qui ont mené sereinement la Tunisie vers les élections du 23 novembre 2011. Et puis, et à partir des résultats de ce jour-là, la Tunisie fut attrapée pour glisser vers la dégringolade.

C’est justement à la suite des résultats des élections de 2011 que l’Etat tunisien s’est affaibli, que les frontières ont été violées, que le système sécuritaire a été attaqué, et surtout, c’est à la suite de ces élections que les extrémistes radicaux et les traîtres de la nation se sont épanouis chez nous. Ils ont déployé leurs ailes, leurs moyens et leurs méthodes diaboliques, au nom des deux slogans qui permettent la meilleure manipulation émotionnelle : la liberté et la spiritualité. Ils ont eu, au nom de la liberté et de la démocratie que nous défendons, la possibilité de parler de tout et partout et d’exprimer et propager, ironiquement au nom des droits de l’Homme, leurs atrocités et leurs agents conduisant à la fin à lutter contre l’humanité. Ils ont eu au nom de la liberté et de la démocratie les meilleurs moyens de communication et de programmation neurologique, des mosquées «libérées», les lieux les mieux homogènes et répartis sur tout le territoire, des espaces symboles des plus défendus et intouchables au nom de la liberté du culte et de la spiritualité.

Au bout de trois ans, et pour avoir gagné une constitution qui n’arrive pas encore à nos jours à être appliquée, le virus s’est bien infiltré, les cerveaux des fragilisés se sont bien bourrés de cruauté, les armes ont bien pu circuler, les pauvres se sont encore appauvris, le pouvoir d’achat s’est encore détruit, le chômage s’est encore aggravé, la contrebande s’est presque légitimée au nom de la dignité, le travail et la persévérance sont lâchés face aux autres chemins de facilités, et d’argent rapide et sans effort sous couvert du devoir religieux et de quête de spiritualité.

C’est à ceux qui ont gouverné durant ces trois ans (2012-2014) que reviendrait indirectement la responsabilité de l’affaiblissement de l’Etat, de ses institutions, du système sécuritaire supposé intouchable, neutre et tenace, et c’est à eux donc que revient la responsabilité d’avoir tellement mis la Tunisie à genoux afin qu’une attaque terroriste parvienne à toucher les agents de la sécurité présidentielle.

Dans une figure de deuxième plan, on dirait avoir vu des forces qui ont eu le pouvoir sur un pays par le biais de la démocratie. Ces forces ont tout d’abord facilité la mise en place de tout un système parallèle à l’Etat. Elles ont par la suite renforcé en permanence ce système en usant de plein de moyens de diversion, protégé ce système et l’ont laisser se maintenir pour qu’à la fin il produise des inhumains qui viennent aujourd’hui lutter, avec conviction ou pour l’argent, contre le système officiel de l’Etat et les mêmes démocratie et droits de l’Homme qui leur ont permis de renaître, de respirer et de vivre.

Fin de partie ou début de l’espoir ?

Voyons-nous donc à présent le symbolisme de cette dernière attaque du 24 novembre 2015 !! Serait-ce un message pour les citoyens, qu’il est révolu le temps de la révolution, de la liberté et des rêves depuis un certain novembre 2011 !! Serait-ce, pour les politiciens et hommes de l’Etat, une démonstration de force contre un corps supposé être intouchable et des plus forts !! Serait-ce pour nous tous ensemble un signe de fin de jeu d’une partie de démocratie, pour une patrie ayant servi les fins de ses propres ennemis !! Ou bien encore, et pour garder optimisme et espoir, serait-ce le début de la fin d’un ennemi, que nous espérons bien affaibli, et qui ne fait que battre toutes ses cartes et foncer vers sa ruine avant la fin de la partie !!

Aujourd’hui, il faudrait être conscient et avoir une mémoire forte et des nerfs en acier pour bien faire face au vrai ennemi. Il faudrait refuser de voir encore des politicards malsains spéculer avec notre sécurité et notre prospérité au nom de droits de l’Homme qu’ils offrent à une tranche minoritaire de barbares qui n’existaient même pas encore quatre ans en arrière.

Il faudrait que ceux à qui nous avons confié nos voix pour sauver la patrie nous démontrent qu’ils ne nous ont pas encore trahis et qu’ils ne le feront pas.

Aujourd’hui, il faudrait crier et rappeler calmement que ceux qui méritent de nous gouverner doivent être plus féroces que des lions. Ceux qui méritent de nous présider doivent être intègres, lucides et patriotes. Ceux qui nous représentent doivent être plus loyaux que les lois qu’ils votent.

La Tunisie est et sera toujours pour tous ses habitants un nid de sécurité, de vie et d’épanouissement, une terre de paix et de labeur, pour laquelle ses citoyens qui la chérissent offriront toujours et encore de leur sueur et leur sang, jusqu’à ce que la mort regagne tout ceux qui la sèment… parce que nous, Tunisiens, nous vivrons et continuerons à vivre, tant que nous avons un quelconque chemin vers l’espoir.

* Enseignante technologue à l’ISET-Charguia et citoyenne active dans la société civile.

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