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Le charançon rouge tue en silence nos palmiers

Palmiers-atteints-de-charancons

Si l’Etat n’intervient pas d’urgence, les palmiers d’ornement risquent de disparaître d’ici peu en Tunisie. Et la contagion pourrait atteindre les palmiers dattiers.

Par Zohra Abid

Depuis son apparition fin 2011 et début 2012, dans la zone de Carthage et Sidi Bou Saïd, au nord de Tunis, le charançon, coléoptère redoutable, est en train de se propager rapidement et de former des poches dans les milliers des troncs des palmiers, les rongeant de l’intérieur jusqu’à la mort.

Il suffit, aujourd’hui, de lever la tête et de faire le constat soi-même, en observant l’état des arbres dans certaines de nos avenues bordées de palmiers. Les feuilles sont souvent affaissées, cassées, perforées et desséchées.

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Les palmiers de l’Avenue Mohamed V à Tunis déjà contaminés.

Menace d’extinction

Si l’Etat tarde encore à intervenir, les palmiers dattiers risquent eux aussi la contamination et les traitements coûteront alors trop, trop cher. Et pour cause. La Tunisie compte 40.000 ha de palmeraies au sud, qui produisent en moyenne 200.000 tonnes de dattes et une seule injection coûte 10 euros (plus de 20 dinars). Et comme les injections sont à refaire tous les 6 mois, on imagine les sommes qu’il faudra débourser.

Début 2012, la direction générale de la protection et du contrôle de la qualité des produits agricoles, relevant du ministère de l’Agriculture, a décidé l’abattage des palmiers attaqués par cette larve qui tue en silence. Le premier palier abattu fut à Carthage. Des centaines de palmiers sur les 12.000 bordant nos avenues dans plusieurs quartiers du Grand-Tunis ont été euthanasiées.

Charancon

Le charançon, un redoutable coléoptère qui tue les palmiers.

Fin 2013, avec la coordination de la FAO, un congrès sous le thème de «la dernière chance» (sic !) a eu lieu à Tunis. A cette époque, le ministère de l’Agriculture s’est mobilisé, mais le retard de la mise en application d’un programme de 30.000 injections n’a pas fait son effet et la situation s’est beaucoup dégradée. Mais que fait donc l’Etat ?

Les dernières opérations de détection, effectuées de juillet 2014 à mars 2015, ont révélé la contamination de 813 palmiers Phoenix (d’ornement) par le charançon rouge sur un total de 33.000. Selon le ministère de l’Agriculture, le traitement mécanique a concerné 435 palmiers atteints, outre l’intervention dans le site des arbres contaminés sur 4.473 palmiers, moyennant la vaccination dans plusieurs zones : La Marsa, Tunis, Ben Arous, Utique, Sidi Bou Said, Le Kram, La Goulette, Soukra, Raoued et Sidi Thabet.

En mars 2015, les services du ministère de l’Agriculture ont lancé un appel aux citoyens disposant de palmiers décoratifs dans leurs jardins pour l’éradication de cet insecte. Car, un palmier mort devient un nid de charançons qui se propage rapidement et s’attaque aux palmiers dans les environs.

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Abattage des palmiers contaminés.

Prévenir vaut mieux que guérir

«Il faut procéder à l’injection de benzoate de sodium à travers le phloème, c’est-à-dire le tissu de l’arbre, conducteur de la sève, pour traiter le palmier atteint. L’injection est valable pour 6 mois. Il faut renouveler ce traitement tous les 6 mois. Malheureusement l’injection en question n’a pas été renouvelée à temps. Ce qui explique la mort de plusieurs palmiers dans notamment dans la région du Grand-Tunis», explique Ali Matri, un spécialiste de la flore et de l’environnement. Qui alerte les autorités sur ce qu’il qualifie  d’«explosion de charançons à cause du climat chaud et humide qui persiste».

«Les larves creusent des galeries à l’intérieur du tronc du palmier qui commence à perdre ses palmes. Arrivé à ce stade, l’intervention devient tardive car le palmier est déjà condamné», ajoute M. Matri. Qui souligne l’existence de plusieurs autres moyens de prévention pour assainir et désinfecter le palmier des parasites, mais il faut s’y prendre toujours tant qu’il est encore temps. Car c’est une véritable course contre la montre.

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