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Une Révolution bis? Trêve de démagogie !

Manifs-Casseurs

Un seul mot d’ordre devrait être partagé par tous les vrais patriotes et sincères démocrates qui ont à cœur de sauver la Tunisie du terrorisme et des mafias.

Par Ridha Bouguerra *

Oui, les droits de librement s’exprimer, de manifester, de dénoncer et de condamner même la coupable incurie de nos gouvernants successifs depuis cinq ans ainsi que les promesses mirobolantes de politiciens de tous bords sont des droits légitimes qui doivent être jalousement défendus. Mais les autorités ont l’impérieux devoir de veiller au maintien de la paix civile, de protéger les biens publics et privés et de garantir la nécessaire et indispensable continuité de l’État et cela, si besoin est, en usant de la légitime force que lui reconnaît le droit.

Langage démagogique, mots trompeurs…

Oui, nos jeunes chômeurs et autres diplômés contraints au chômage et plongés dans une si profonde désespérance qu’ils en arrivent à commettre des actes suicidaires comme ce fut le cas de feu Ridha Yahyaoui, le 17 janvier 2016 à Kasserine, oui, ces jeunes ont droit à une vie digne par le travail et donc à la légitime satisfaction de leurs revendications. Mais personne ne peut s’arroger le droit de mettre en danger la vie de la population en coupant les routes, ni le droit de s’en prendre aux symboles de l’État ou de saccager les édifices publics et encore moins le droit de s’attaquer aux forces de l’ordre et à leur intégrité physique.

Libre à tout un chacun de croire que la meilleure solution pour l’obtention d’un poste de travail passe obligatoirement par des manifestations sur la voie publique.

Mais il serait tout aussi judicieux de se demander si les violences et occupations des gouvernorats et délégations sont les messages les plus pertinents à adresser aux investisseurs tant tunisiens qu’étrangers pour les inciter à s’installer dans les régions intérieures et à y créer des emplois alors que ces régions sont devenues des foyers de tension permanente.

Libre à certains démagogues de rêver à un nouveau 14-Janvier et de déclarer que la Révolution est de nouveau en marche et qu’elle finira bientôt par réaliser tous ses objectifs. Mais nos révolutionnaires de salon devraient se poser quelques questions élémentaires dont: À qui profite l’incendie des postes frontaliers et des commissariats de police ainsi que le pillage de dépôts municipaux?

Qui a intérêt à ce que le vide sécuritaire s’installe un peu partout dans le pays?

N’est-il pas vrai que les barons de la contrebande et les gros caïds des mafias locales sont en train de jeter de l’huile sur le feu en poussant, moyennant finances, les jeunes désœuvrés à commettre saccages et déprédations et, ainsi, précipiter la chute de l’État si propice à leur affairisme lucratif et délictueux?

Les manifestants de bonne foi réclamant la dignité par le travail ne risquent-ils pas de devenir les dindons de la farce et ne seraient-ils pas en train de servir des intérêts occultes qui ont infiltré leurs mouvements et profitent de leur juste cause pour envoyer sur le terrain des cellules dormantes afin de mettre le feu au pays?

La grande dispersion des forces armées et des forces de sécurité n’est-elle pas pain béni pour les terroristes terrés à Jebel Chaâmbi qui, malheureusement, voient l’étau se desserrer autour d’eux et fuient leurs grottes frigorifiées par ces nuits glaciales?

L’urgence et l’intérêt supérieur du pays résident aujourd’hui plus que jamais dans l’abandon du langage démagogique, des mots trompeurs par lesquelles des politiciens incultes et maladroits ont cru pouvoir payer des gens simples.

Faire face aux mafias de la contrebande et de l’évasion fiscale

Plutôt que de vendre des rêves irréalisables qui finissent, comme en ce moment, par crever au contact des dures réalités comme des ballons de baudruche, il faudrait que nos responsables politiques tiennent à nos concitoyens un discours pédagogique et de vérité sur les moyens dont dispose la communauté nationale pour venir en aide aux régions et couches sociales les plus défavorisées.

Le gouvernement, les députés de la nation et les haut-cadres du pays doivent payer d’exemple et consentir, par ces temps de vaches maigres, des réductions de leurs émoluments au profit des régions démunies.

Le gouvernement devrait concevoir des projets d’avenir mobilisateurs susceptibles de redonner de l’espoir aux jeunes de ce pays.

Il devrait s’engager fermement à lutter efficacement contre la corruption, cette plaie, à aller chercher l’argent chez ceux qui fuient le devoir fiscal et à taper dans leur bourse les tenants du régime forfaitaire et autres pourvoyeurs du commerce parallèle si préjudiciable au Trésor public.

Les dirigeants syndicaux devraient, de leur côté, mettre une sourdine et pour un temps à leurs revendications salariales et inciter, plutôt, leurs militants à retrousser les manches et à produire davantage de richesses afin de permettre la création de nouveaux emplois.

Que reste-t-il à faire à la société civile et aux formations politiques quand le pire s’invite à l’ordre du jour et que les circonstances rendent si manifeste la déliquescence de l’État?

De quelles réelles options dispose encore le gouvernement pour parer aux dangereux coups de butoir des mafias coalisées qui sont en train de semer le désordre à tout va?

Quelle attitude opposer à la menace terroriste si pesante en ce moment?

Un seul et unique mot d’ordre devrait être partagé par toutes les forces vives de ce pays, celui d’une union sacrée qui regrouperait tous les vrais patriotes et sincères démocrates qui ont à cœur de sauver notre Tunisie du terrorisme et de la préserver du sort funeste de ces pays devenus, suite au vide sécuritaire et à l’anarchie régnante qui en a découlé, des proies à dépecer par des forces obscures et des butins à partager entre des mafias de toutes sortes.

Que la Tunisie ne soit pas victime de l’avidité de ses propres enfants si peu soucieux des esprits malfaisants placés en embuscade et attendant leur heure pour fondre sur nous comme «un vol de gerfauts hors du charnier natal»!

* Universitaire.

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