Les malades et les médecins sont les principales victimes du système de santé en Tunisie qui est dépassé, engorgé et manquant cruellement de moyens.
Par Rym Souei *
Comme on le sait, la capacité de nos hôpitaux ne répond pas au nombre grandissant des malades. Par conséquent, on donne des délais très longs pour les rendez vous, les services sont surchargés, les malades souffrent pour «réserver» une place pour être soigné. Comme c’est le cas pour cet enfant de 7 ans, atteint de leucémie, dont on reporté de 2 mois le rendez vous pour sa première chimiothérapie à cause d’un manque de place au service concerné. Au grand désespoir de ses parents !
Mais ce qui d’autant plus désespérant c’est que, devant cette situation, le médecin répond souvent froidement : «Allah ghaleb, on n’a pas de place, le service est saturé!» Tu a beau revenir à la charge pour lui rappeler ce qu’il vient de dire à la famille du malade, à savoir que l’état de ce dernier va se dégrader s’il n’est pas soigné rapidement. Le même médecin te répond tout aussi froidement : «Je n’ai pas de solutions, c’est la capacité de l’hôpital. Allah ghaleb, inchallah labess…» Et il te laisse pour aller ausculter le malade suivant…
On estime l’effort que fait le corps médical pour s’acquitter convenablement se sa tâche ingrate et ce ne sont pas les médecins très humains qui manquent dans les hôpitaux tunisiens. Beaucoup font de leur mieux pour aider leurs patients avec les moyens dont ils disposent. C’est le système de santé en Tunisie qui est dépassé, engorgé et manquant cruellement de moyens humains et matériels. Les médecins, dont beaucoup assurent des permanences interminables aux dépens de leur santé et de leur famille, sont eux aussi des victimes de ce système qui a besoin d’une refonte totale et profonde.
Cette réforme ne concerne pas seulement les autorités publiques, qui doivent s’y mettre le plus rapidement possible. Elle concerne aussi la société civile dans son ensemble : les associations, les médias, les personnalités sportives et du monde artistique… Chacun doit y mettre du sien pour aider à améliorer les moyens des hôpitaux publics et les conditions de prise en charge des patients.
Pour ces derniers, il ne s’agit pas d’un débat politique, c’est une affaire de vie et de mort…
* Une citoyenne indignée.
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