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Ksayyer w yhayyer 2 : La fête du court-métrage tunisien

Les nouvelles pousses du cinéma tunisien.

La sélection de courts-métrages ‘‘Ksayyer w yhayyer’’ (littéralement : court et dérangeant) dans sa deuxième édition est sortie dans les salles tunisiennes, le mercredi 22 mars 2017.

Par Fawz Ben Ali

C’est un concentré d’inventivité cinématographique à la sauce tunisienne, composé de 5 courts-métrages primés dans de prestigieux festivals tunisiens et étrangers, que le public est invité à découvrir.

Après la réussite de sa première édition, ce rendez-vous cinématographique revient avec une nouvelle sélection exquise grâce à Hakka Distribution.

Les promesses du printemps

Lors des dernières Journées cinématographiques de Carthage (JCC), les cinéphiles ont pu apprécier ‘‘35 MM’’ et ‘‘On est bien comme ça’’ de Mehdi Barsaouï, ‘‘Khalaa’’ de Maher Hasnaouï, ‘‘Peau de Colle’’ de Kaouther Ben Hania et ‘‘Pousse de printemps’’ de Intissar Belaïd. Mais ces films restent peu connus du grand public, habitué aux longs-métrages qui dominent les salles de cinéma tout au long de l’année.

Mehdi Barsaoui

Mehdi Barsaoui.

Deux courts-métrages parmi les cinq à l’affiche sont signés Mehdi Barsaouï, où le jeune cinéaste a pu étaler l’étendue de sa technicité et de son imagination scénaristique. C’est en effet grâce à son talent et son professionnalisme qu’il a pu inviter de grands noms du cinéma tunisien.

Dans ‘‘35 MM’’ qu’il a réalisé pour le cinquantième anniversaire des JCC, on retrouve Sondes Belhassen, Noomen Hamda et l’impérissable Mouna Noureddine dans un rôle improbable et plus surprenant que jamais pour nous illustrer à quel point les apparences sont trompeuses et surtout pour nous rappeler que l’amour du cinéma n’a pas d’âge.

Dans ce film qui rend hommage au 7e art, la caméra s’est limitée à l’arrière-plan «pour un effet salle dans la salle», explique-t-il lors de la projection presse qui avait eu lieu le mardi 21 mars au Ciné-Amilcar.

Dans ‘‘On est bien comme ça’’, Mehdi Barsaouï invite Sawsen Maalej et le grand cinéaste Nouri Bouzid qui passe ici devant la caméra pour incarner le rôle d’un grand-père atteint d’Alzheimer.

Khalaa

‘‘Khalaa’’.

Dans ce film plus intimiste que le premier, le jeune cinéaste privilégie les gros plans pour traiter les thèmes de la famille, de la maladie et de la complicité intergénérationnelle.

Dans la collection «Ksayyer w yhayyer» on découvre aussi de nouveaux talents qui explorent pour la première fois le monde du cinéma, comme c’est le cas de Maher Hasnaouï, qui, dans ‘‘Khalaa’’, peint le portrait de deux adolescents issus des quartiers populaires de Tunis. Devant l’absence d’horizons, ils choisissent de vivre de braquages en attendant de quitter clandestinement le pays vers l’autre rive de la Méditerranée.

Pousse de printemps

‘‘Pousses de printemps’’.

Le seul documentaire de la sélection est ‘‘Pousses de printemps’’, signée Intissar Belaïd qui ramène sa caméra à sa ville natale El-Kef pour questionner les enfants sur leur conception de la révolution, de la démocratie et de la liberté.

Le rendu est un concentré de drôlerie, d’innocence et de spontanéité sans pareils, un petit bijou qui lui a valu le Tanit d’or aux JCC 2016 et le Prix du meilleur court-métrage au Festival international du film des droits de l’homme (Human Screen Festival 2016).

Kaouther Ben Hania, drôle et espiègle

La vedette de la sélection est incontestablement Kaouther Ben Hania, récemment auréolée du Tanit d’or du meilleur long-métrage aux JCC 2016 pour son dernier film ‘‘Zaineb n’aime pas la neige’’ et qu’on retrouve ici avec ‘‘Peau de colle’’ (Tanit d’or aux JCC 2014).

Dans ce court-métrage qui a marqué ses débuts dans le cinéma, Kaouther Ben Hania s’est inspirée de sa propre enfance pour dénoncer avec beaucoup d’intelligence et d’humour l’institution du «koutteb» (école coranique).

«J’avais de grandes difficulté à apprendre par cœur quelques chose que je ne comprenais pas (les versets coraniques). Jusqu’à aujourd’hui, il me faut saisir le sens d’un texte pour pouvoir me remémorer ses phrases», confie-t-elle dans sa note d’intention.

Peau de colle

‘‘Peau de colle’’.

‘‘Peau de colle’’ brille par ses vives couleurs, ses cadres précis et ses scènes de burlesque où la petite Amira, agacée du très antipathique «meddeb» (maître), inventera une malicieuse astuce pour échapper au supplice quotidien du «koutteb».

Les projections de «Ksayyer w yhayyer» se poursuivent jusqu’au 4 avril prochain dans les salles : ABC et Parnasse (centre-ville de Tunis), Amilcar (Manar), Mad’art (Carthage) et Le Majestic (Bizerte).

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