Comme une centaine d’autres pays à travers le monde, la Tunisie a célébré, le soir du mercredi 21 juin 2017, la Fête de la musique à l’avenue Habib Bourguiba, à Tunis.
Par Fawz Ben Ali
Lancée en 1983 en France, cette fête est organisée en Tunisie depuis une dizaine d’années. Elle est devenue dès lors un rendez-vous incontournable pour les mélomanes qui ont pris l’habitude d’affluer en masse sur la grande avenue de la capitale pour assister à ces méga concerts gratuits et à ciel ouvert. Une date qui coïncide souvent avec le premier jour de l’été.
Cette année la fête de la musique a été organisée par l’Institut français de Tunisie (IFT), coproduite par la fondation Biat pour la jeunesse, en partenariat avec le ministère des Affaires culturelles et la municipalité de la ville de Tunis.
Demi Portion.
La musique pour tout le monde
Pour ce nouveau rendez-vous musical qui a meublé l’une des dernières veillées ramadanesques, deux énormes scènes ont été installées sur l’avenue Habib Bourguiba (lieu qui a toujours abrité cette fête), l’une devant le théâtre municipal et l’autre près de la fameuse horloge.
Les amoureux de la musique ont, comme à l’accoutumé, répondu présent d’autant plus que tous les genres et styles étaient représentés. Mais la fête a aussi attiré les curieux passants, interpellés par les sons rythmés et l’ambiance festive qui régnait sur le long de l’avenue, sous haute surveillance policière.
Fendose.
La fête de la musique se démarque du reste des événements musicaux par sa popularité, gratuité et accessibilité à un très large public qui n’a pas forcément l’habitude de fréquenter les salles de concerts. Cette journée est donc l’occasion de décloisonner la culture, de promouvoir l’art de rue et d’investir autrement l’espace public. Une démarche qui commence d’ailleurs à être adoptée par certains festivals comme les Journées musicales de Carthage (JMC) ou encore dernièrement le festival de Jazz à Carthage.
La fête de la musique a mis les bouchées doubles cette année en organisant pour la première fois deux concerts en même temps sur la même avenue, à quelques centaines de mètres l’un de l’autre, histoire de satisfaire tous les goûts. En effet, la programmation de cette édition était des plus éclectiques avec du rap, du hip-hop, du jazz, du rock, de la musique classique et des fusions de toutes sortes.
Quartet Saltana.
Placée sous le signe de la mixité des cultures et de l’art pour tous, la grande fête qui a commencé à 21h et a pris fin vers 1h nous a mis plein les yeux et les oreilles avec un florilège d’artistes tunisiens et étrangers, défilant tout au long de la soirée sur les deux scènes.
Du rap d’ici et d’ailleurs
Si la dernière édition s’est penchée sur la musique maghrébine, l’événement s’est cette année internationalisé pour s’ouvrir sur les musiques du monde.
Vipa.
Une partie de la soirée était consacrée à la musique hip-hop et rap actuelle tunisienne et française. La nouvelle figure montante du hip-hop tunisien, le jeune Vipa était à l’honneur au grand bonheur de ses fans de plus en plus nombreux, grâce notamment à la perspicacité de ses textes qu’il écrit lui-même. Mais ce fut aussi l’occasion de découvrir des stars francophones du genre, dont la plupart se produisent pour la première fois en Tunisie, et qui connaissent un grand succès en France, notamment le duo marseillais Troisième Œil, produit à ses débuts par les mythiques IAM, ou encore le jeune rappeur parisien Ichon et l’inépuisable franco-marocain Demi-Portion, dont le dernier album est en tête des ventes des disques hip-hop en France.
Speed Caravan.
Du classique au plus aventureuses des fusions
L’autre partie de la soirée était dédiée à une musique plus intemporelle autour du classique, du jazz, du rock… mais aussi pour découvrir des fusions improbables entre des univers sonores très différents.
Ainsi, on a apprécié les délices de la musique classique avec les Quatuor Cadences, ces 4 jeunes musiciens tunisiens qui sillonnent depuis quelques années les scènes tunisiennes et européennes pour remettre au goût du jour la musique classique. Ensuite c’était au tour du Quartet Saltana de nous embarquer dans leur planète musicale haute en couleurs à l’image de leurs membres qui viennent d’horizons différents (Tunisie, Palestine, France…) et qui défendent une musique sans frontières et sans étiquettes.
Vipa.
La soirée a pris fin en beauté avec un groupe atypique qui vient tout droit de France mais qui porte en lui toutes les musiques du monde, il s’agit de Speed Caravan, ces musiciens virtuoses qui mixent avec brio le rock, la musique arabo-andalouse, le chaâbi algérien et la musique électronique. Que ce soient sur des compositions personnelles ou sur des reprises, le public était prêt à danser jusqu’au bout de la nuit.
Donnez votre avis