La joie de la Coupe de Tunisie 2017 a été de très courte durée.
Le chiffre paraît énorme : 108 millions de dinars tunisiens (MDT), mais c’est bien le montant injecté par Slim Riahi depuis son arrivée à la présidence du Club africain (CA), le 16 juin 2012.
Par Hassen Mzoughi
Cette enveloppe est constituée des dettes que le nouveau président a épongées à son arrivée au club et des dépenses en salaires, en primes de toute sorte, en transferts et autres «frais divers»…
Il faut reconnaître que le jeune président a fait du club de Bab Jedid un tremplin et moyen pour satisfaire son ambition s’ascension politique.
Les supporteurs : un réservoir électoral
En perspectives des élections législatives et présidentielles de 2014, il était prêt à tous les «sacrifices». Lors de la campagne de son parti, l’Union patriotique libre (UPL), et pour gagner en aura, il n’a pas manqué de promettre monts et merveilles, notamment aux supporteurs du club, dont la construction avec son propre argent d’un nouveau stade propre au CA et des recrutements de nouveaux joueurs.
Mais voilà, quand on aborde le domaine sportif sans en connaître les normes de gestion administrative, technique et financière, quand on pense que l’argent peut tout faire, on court toujours le risque de se planter !
Si la promesse d’un nouveau stade n’a engagé que ceux qui y ont cru, les recrutements réalisés ont non seulement coûté les yeux de la tête mais ils n’ont pas beaucoup apporté au club. Au contraire la masse salariale des joueurs, pour la plupart tunisiens transférés de l’étranger, a fait un bond énorme, alourdissant davantage l’ardoise. D’où ce déficit de 80 MDT annoncé par le dernier rapport financier présenté à l’assemblée générale évaluative, tenue à Gammarth, mardi 27 juin 2017, la veille de l’annonce par le pôle judiciaire et financier du gel des avoirs de Slim Riahi en Tunisie pour présomptions de blanchiment d’argent.
L’assemblée a, d’ailleurs, carrément discrédité la méthode Slim Riahi et s’est transformée en un procès de sa gestion du club tunisois.
Les fourches caudines de la justice
Politiquement, l’homme a peut-être réussi son coup, puisqu’il a su s’imposer aux autres acteurs de la scène, se faisant recevoir au Palais de Carthage et à celui de la Kasbah, et faisant élire des députés à l’Assemblée des représentants du peuple (ARP), mais sportivement, il est loin d’avoir réalisé ses objectifs. Il n’a pas réussi, en tout cas, à construire le CA que les supporters espéraient pour rivaliser avec les autres ténors du football tunisien et notamment avec l’Espérance sportive de Tunis (EST), qui a souvent remporté les derbys de la capitale.
Bien sûr, ces supporteurs, qui ont constitué une réserve électorale pour Slim Riahi et qui ne se sont jamais demandés où ce jeune homme a-t-il pu amasser une si grosse fortune, peuvent se sentir, aujourd’hui, floués et… orphelins: le messie, qui devait porter leur club au firmament, est aujourd’hui dans une mauvaise passe et il y a peu de chance qu’il revienne au Parc B., d’autant qu’il a plus urgent à faire pour éviter les fourches caudines d’une justice qui semble enfin déterminée à sévir contre toutes les formes de corruption.
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