Amira Dakhlia / Christophe Denoth.
Clôture mémorable d’un festival dédié à la musique classique : mélopées renversantes, effusion d’émotions, sonorités à la fois familières et étranges portées par de sublimes virtuoses.
Par Hamma Hanachi
Samedi 12 aoû 2017, programme de musique résolument tourné vers le classique, à la clôture du Festival international d’El-Jem, avec l’Orchestre symphonique tunisien (OST) dirigé par Hafedh Makni, avec la participation de deux virtuoses étrangers de haute valeur : le guitariste suisse, Christoph Denoth, et le basse baryton italien, Gianni Bruschi, dans un concert organisé par le Festival d’El-Jem, l’ambassade suisse et l’Association Aloès, les amis de Hamadi Cherif.
Voyage au bout de la nuit
Le public et l’orchestre n’avaient peur que d’une seule chose: que le ciel ne leur tombe dessus. Sinon les musiciens et les invités solistes y sont allés avec entrain, chargés à bloc par la volonté de bien servir le public et satisfaire leur conscience, ce qui n’est pas peu.
Amira Dakhlia.
L’amphithéâtre est à la fête, à défaut de concentration, un public nombreux composé, mélange d’amateurs avertis et de «clients» qui le sont moins.
22h, le concert démarre sur des chapeaux de roue, l’orchestre entame son programme, un rien éclectique, l’ouverture de ‘‘Nabucco’’ de Verdi, l’air doux de la nuit est secoué avec force et trompettes sonnantes.
Le vent est favorablement préparé par l’orchestre, Amira Dakhlia, mezzo soprano, entre en scène. Silhouette élancée, robe grise pailletée et timidité visible, elle relève le défi et chante ‘‘Una vocce poco fa’’, de Rossini, mélopée renversantes et richesse évidente dans la voix.
Christophe Denoth.
Place nette à Denoth qui joue ‘‘Le concerto d’Arunjuez’’ arrangé pour orchestre, le poids du sentiment, le volume d’amour qui nous reste à donner et à recevoir, effusion d’émotions, l’adagio déchire le cœur.
On savoure la générosité du guitariste qui donne assez d’air aux instrumentistes, Amine Triki premier violon est un soutien appréciable, échanges de regards et de notes entre les deux solistes.
Denoth donnera un récital aux couleurs hispaniques, le 17 août, organisé par Aloès au Fort Ghazi Mustapha, à Djerba. Nous y reviendrons.
Barbe en collier, Gianni Bruschi chante le célèbre et attirant ‘‘O Sole Moi’’, morceau qui soulève les cœurs et embrume les mémoires, généralement exécuté en fin de programme, le public, qui a déjà mordu, applaudit à tout va.
Gianni Bruschi.
Le jeune Triki va de l’avant, s’attaque au ‘‘Concerto’’ de Brahms, l’un des plus difficiles morceaux faisant souvent partie des finales des concours de violon. Il étreint son violon si fort, secoue énergiquement sa tête et rapidement ses bras. Il joue avec vélocité et conviction, et reçoit un tonnerre d’applaudissements, mérité.
Le public bercé par tant de mélodies
En deuxième partie, le public part en Russie, en compagnie de Moussorgski (‘‘Une nuit sur le mont chauve’’). Bruschi revient avec une chanson d’Aznavour, ‘‘Le Temps’’, qu’il déploie en plusieurs langues et un discours sur le temps qui passe et la paix qui tarde à venir.
Amira Dakhli est plus à l’aise après avoir affronté le public, l’arène et les gradins… Elle revient pour incarner Carmen avec une voix enflammée et une gestuelle plus sûre, une Carmen comme on aime, charnelle et aguichante à souhait.
Christoph Denoth reprend les rythme ibériques avecle morceau ‘‘Asturias’’ d’Albeniz puis une serenata espagnola. Sublime.
Hafedh Makni continue sur sa lancée, après ‘‘Le Lac des cygnes’’, il devait terminer le concert avec ‘‘Bacchanale’’ de Saint-Saëns.
Il aurait dû s’arrêter à cette station au lieu de prolonger le concert de morceaux non programmés de Tchaïkovski. Trois heures de temps sont passées, le public bercé par tant de mélodies et de charme n’a pas débranché. Les ondes ont fait le reste.
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