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Hégémonie de la « démocratie consensuelle » à la Tunisienne

La démocratie NiNA est en marche… 

La « démocratie consensuelle » s’est transformée en dispositif pervers d’arrangement législatif et exécutif entre les mains d’une oligarchie politico-financière.

Par Mohamed Chawki Abid *

Alors que le projet du président de la république Béji Caïd Essebsi, relatif à la réconciliation administrative, a été voté par l’Assemblée des représentants du peuple (ARP) et que celui de Rached Ghannouchi, est en passe d’être formulé en catimini, la majeure partie des Tunisiens ont fini par comprendre que le système parlementaire conditionné au consensus (ou conspiration monopolistique) entre deux grands partis dominants, Nidaa Tounes et Ennahdha, est le pire des «régimes dictatoriaux», pourtant assorti d’un maquillage «démocratique» soigneusement administré par les «amis de la Tunisie».

Chacune de ces deux familles politiques inaccordables a brillé par la «non-tenue des promesses électorales» face aux attentes de la population et exigences de la nation. Au contraire, elles ont convenu de produire des textes législatifs non revendiqués par les citoyens.

«Blanchiment des mafieux» contre «amnistie des islamoterroristes»

Après le blanchiment des véreux de l’administration, d’autres textes verront le jour (légalisation du cannabis, égalité dans l’héritage, autorisation du mariage des Tunisiennes musulmanes à des non-musulmans…) et ce, grâce à la perversité d’un «trust parlementaire».

D’ailleurs, le groupe d’Ennahdha a été amené à voter la loi Béji Caïd Essebsi pour camoufler les conclusions de la commission d’enquête sur l’embrigadement des jeunes. Il n’est donc pas exclu qu’il attend un retour d’ascenseur pour tenter – dans une seconde étape – de gracier et de réintégrer les islamo-terroristes que leurs coéquipiers ont dû endoctriner et expédier en Syrie.

Par conséquent, les survivants des quelques 6.000 combattants de l’organisation terroriste de l’Etat islamique (Daech) seront vraisemblablement rapatriés et reçus à nos frontières avec les honneurs, pour être intégrés dans la société tunisienne sans poursuite des recruteurs ni sanction des catalyseurs.

Au-delà des deux partenaires politiques qui tirent profit de cette démocratie mensongère, la corporatocratie locale et ses partenaires étrangers constituent le groupe qui profite le plus des avantages de ce régime en contrepartie de leurs soutiens financiers, lobbying administratif, et matraquage médiatique.

A ce titre, la Loi de Finances 2018 verra l’installation d’une nouvelle trayeuse fiscale à l’adresse des contribuables disciplinés, sans pour autant autoriser l’implémentation de la réforme fiscale adoptée depuis 2014 prônant l’équité fiscale et l’élargissement du périmètre des assujettis et ce, au risque de mécontenter les délinquants économiques, bailleurs de fonds majoritaires de Nidaa et Ennadha (NiNa).

A l’Assemblée, les adversaires d’hier votent désormais comme un seul homme.  

Les solutions qui ne seront pas mises en route

Parallèlement, aucune action salutaire ne sera décrétée pour maîtriser le déficit commercial, alors qu’au moins 4 mesures efficaces pourront être aisément prises : 1) réinstaurer le taux de compensation de 50% pour toutes les activités d’importation de biens de consommation (auto, fringues…); 2) appliquer les dispositions des deux lois 96-106 et 99-09 (en cas de dérapage excessif de la balance commerciale ou d’importation de produits dumping); 3) rétablir les barrières tarifaires avec les pays non conventionnés (tels que la Chine, et autres pays du sud-est asiatique); 4) négocier l’enclenchement des mesures de sauvegarde prônées par l’Organisation mondiale du commerce (OMC) et prévues dans les conventions de libre-échange, par exemple avec l’Union européenne (UE) et la Turquie.

En l’absence des règles élémentaires de patriotisme économique, le secteur industriel poursuivra son saignement face à la concurrence déloyale des marchandises importées de tous les coins du monde, et observera, par conséquent, la fermeture d’usines et la destruction d’emplois stables.

En outre, la Banque centrale de Tunisie (BCT) continuera à lever des emprunts extérieurs pour réapprovisionner les réserves en devises, sérieusement entamées par l’hémorragie des importations en biens de consommation superflus : automobiles, habillement, maroquinerie, meubles, alimentation, article de sport & loisir, etc. Ce faisant, la monnaie nationale, le dinar tunisien (DT) poursuivra sa chute vertigineuse sans bénéficier d’aucun parachute.

Côté finances publiques, le Trésor ne saura pas gérer son appétit grandissant pour les BTA sur le marché interbancaire (dont l’encours dépasse 20 milliards de DT), en offrant paradoxalement un spread excessif de 250 à 300 points de base aux banques qui se refinancent pourtant au TMM auprès de la BCT.

Ainsi, les banques de la place (surtout les privées) continueront à se faire sucrer (≈600 millions DT/an) au dépend des finances publiques, ou plus exactement sur le dos du contribuable discipliné, notamment le salarié asservi par le mécanisme de la retenue à la source. Ceci, sans parler des banques à participations étrangères qui transfèrent à l’étranger une partie de ce profit sur BTA, au titre de dividendes aux investissements directs étrangers ou de frais de sièges ou encore de «charges fictives».

Enfin, les bailleurs de fonds internationaux (Banque mondiale, Fonds monétaire international) et leurs partenaires multinationales surveilleront de près l’ampleur de l’insoutenabilité préméditée de la dette publique, pour recommander/ordonner la privatisation d’entreprises publiques et l’externalisation des services publics (santé, transport, enseignement), ainsi que la concession d’exploitation de richesses naturelles à des conditions de misère (fossiles, solaires, maritimes, minières, etc.)

S’évertuant à causer de plus en plus de préjudices au pays, cette «démocratie consensuelle» est aujourd’hui descendue trop bas, pour se transformer en dispositif pervers d’arrangement législatif et exécutif entre les mains de l’oligarchie politico-financière ayant pris le pays en otage depuis 2011.
Aussi, ne serait-il pas grand temps de finir avec cette «démocratie calomnieuse» de très bas niveau?

* Ingénieur économiste.

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