Une conférence de haut niveau s’est tenue, vendredi 17 novembre 2017, à Tunis, portant sur les moyens de développer des huiles d’olives tunisiennes à haute valeur ajoutée.
A cette conférence organisée par la Banque européenne pour la reconstruction et le développement (Berd) et l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), 80 acteurs du secteur oléicole, en provenance du Maroc, d’Europe et de Tunisie ont retenu le thème de l’utilisation de l’innovation et de la technologie et débattu des dernières tendances et avancées, pour une transformation substantielle voire une relance du secteur de l’huile d’olive en Tunisie.
Ces trois dernières années, la Tunisie s’est positionnée comme l’un des principaux pays producteurs d’huile d’olive au niveau mondial. Avec des exportations annuelles d’une valeur moyenne de 0,5 milliard de dollars US, le pays exporte la plus grande partie de son huile d’olive en vrac, et certaines de ses huiles en bouteille connaissent un grand succès au niveau international et figurent parmi les lauréats de prestigieuses compétitions.
Grâce à l’élévation de ses standards de qualité et au développement des produits à haute valeur ajoutée, notamment une production croissante d’huiles d’olive biologiques, la Tunisie a amélioré la compétitivité et la reconnaissance de ses huiles, tant sur le marché domestique qu’à l’export.
La Berd et la FAO soutiennent depuis plusieurs années le processus de concertation en collaboration avec l’Office national de l’huile (ONH-Tunisie). A cet effet, Antoine Sallé de Chou, directeur du bureau de la Berd en Tunisie, a déclaré : «Nous sommes ravis de voir que le dialogue public-privé conduit à un consensus entre les différents acteurs du secteur et au développement d’une vision et d’une feuille de route communes. Cela ne peut que contribuer à stimuler l’investissement pour créer un secteur plus fort et plus compétitif».
Opérations de mise à niveau
Passer au niveau supérieur signifie améliorer la qualité, l’efficacité et la compétitivité à tous les échelons de la filière oléicole, de l’oliveraie à la table. Cela inclut de meilleures techniques de culture et de récolte, un transport rapide et efficace des olives, des moulins bien organisés et des systèmes de traçabilité et de certification afin de satisfaire les exigences des distributeurs importants et des marchés haut de gamme.
Durant la conférence, les intervenants ont partagé leurs expériences en matière de gestion des oliveraies, d’oléiculture intensive et de techniques d’irrigation améliorées. Ce dernier point est crucial pour optimiser l’utilisation de l’eau qui est une ressource rare tout en préservant la qualité des olives. Les participants ont également discuté des innovations dans les technologies d’extraction pour produire et conserver une huile d’olive extra vierge de haute qualité.
Une table-ronde animée par des producteurs tunisiens et internationaux d’huile d’olive a approfondi le thème de l’importance de la qualité dans une stratégie commerciale. Les principaux producteurs d’huiles d’olive biologiques tunisiennes ont beaucoup investi dans la modernisation de leurs opérations en installant des systèmes d’irrigation perfectionnés, visant à améliorer la stabilité et la qualité, ainsi qu’un système d’extraction en deux phases.
Pour certains, c’est une initiative qui porte ses fruits et qui a même conduit à l’obtention de prix dans des concours tels que Biol, un concours international d’huile d’olive biologique. Un producteur en particulier a noté que son système souterrain d’irrigation au goutte-à-goutte produisait de très bons résultats en termes de rendement et de qualité, tout en réduisant considérablement l’utilisation de l’eau, soulignant que le secteur pouvait jouer un rôle important, en particulier pour les petites productions en les incitations à adopter des technologies plus écologiques et plus efficaces.
Nouveaux produits
Développer la gamme et le profil des produits offerts est également important pour l’avenir de l’industrie oléicole en Tunisie.
L’huile d’olive extra vierge tunisienne se caractérise par un profil doux et sucré. La production d’huiles extra vierges ayant d’autres profils, telles que des huiles avec des goûts différents, des huiles issues de variétés uniques ou des huiles plus riches en polyphénols, permettrait aux producteurs tunisiens de gagner de nouvelles parts de marché.
La Tunisie produit également trois fois plus d’huile d’olive biologique certifiée que l’Espagne chaque année, et un volume encore plus important d’huile d’olive tunisienne est produit en utilisant des pratiques biologiques ou quasiment biologiques sans être certifié.
Compte tenu de la demande croissante pour les produits biologiques – le marché bio américain était évalué à 30 milliards d’euros en 2015 – la Tunisie pourrait renforcer sa position sur ce marché en s’appuyant sur sa réputation déjà établie en matière d’agriculture biologique.
Pistes pour l’avenir
La coopération et la communication sont vitales dans n’importe quel secteur. La FAO et la Berd continueront à soutenir ce groupe de travail composé d’oléiculteurs, de transformateurs d’huile d’olive, d’exportateurs, de représentants du gouvernement et de représentants des organisations professionnelles du secteur.
Depuis 2015, le groupe de travail s’est réuni sept fois, partageant des informations, des expériences et des opinions et formulant des propositions concrètes pour un secteur de l’huile d’olive plus performant et plus inclusive.
«Au cours des deux dernières années, nous avons constaté beaucoup d’enthousiasme pour le secteur et une ouverture croissante aux nouvelles idées, comme la création d’un consortium de qualité et de labels de qualité pour les huiles d’olive extra vierges tunisiennes», a déclaré Lisa Paglietti, économiste et responsable du projet à la FAO. «Il y a une réelle volonté de changement», souligne-t-elle. Et d’ajouter : «Pour avancer, nous devons maintenir cet élan et veiller à ce que tous les intervenants du secteur soient impliqués et travaillent ensemble à atteindre ce double objectif : accroitre la compétitivité et la reconnaissance de l’huile d’olive tunisienne.»
Source : communiqué.
Donnez votre avis