Maaloul et Jari à la manoeuvre, mais sans résultat.
C’est dramatique, mais c’est la vérité, l’équipe de Tunisie n’arrive pas à dénicher de sérieux sparrings partners pour la préparation du Mondial de Russie.
Par Hassen Mzoughi
La Fédération tunisienne de football (FTF) cherche deux sparrings partners pour l’équipe de Tunisie qui sera en stage en Suisse durant la 3e semaine de mars 2018.
Pour cela, elle a chargé, moyennant un gros paquet d’euros, une agence suisse spécialisée en marketing sportif de lui en dénicher.
Jusqu’ici la société en question fait encore de la prospection, à deux mois seulement de l’unique période réservée par la Fifa aux matches de préparation.
La FTF a sollicité cette société parce qu’elle n’a pas été en mesure d’organiser le moindre match de préparation pour l’équipe de Tunisie. L’instance fédérale a approché le Portugal mais a dû rapidement abandonner; les exigences financières des Portugais (1,5 million de dollars, 2,7 millions de dinars de dinars tunisiens, MDT) ont été jugés exorbitants.
Faut-il rappeler le paquet de promesses de Wadii Jari, le président de la FTF, au lendemain de la qualification de la Tunisie pour la Coupe du monde Dans l’euphorie générale, il a annoncé, à qui voulait bien l’entendre, un programme de préparation super ficelé avec notamment des sparrings partners de haute volée comme le Portugal (justement), la Pologne, le Bayern, le PSG, la Suisse et d’autres adversaires. Il n’en est rien et la FTF reste au point zéro.
Quelle logistique ?
Le flou qui plane sur le programme de préparation de l’équipe de Tunisie et toute «l’opération Tunisie 2018» est largement significatif de l’absence de programmation, d’effort d’anticipation et surtout d’une structure chargée, au sein de la FTF, de toute la logistique événementielle nécessaire à la conception et au suivi du plan de préparation à un événement aussi important que la coupe du monde.
Du projet de départ, aux étapes à identifier, l’avant, pendant voire l’après, le financement, le personnel à mettre à contribution, les vis-à-vis et les partenaires à solliciter pour accompagner l’action fédérale, les projets à mettre en œuvre pour capitaliser la participation à la kermesse planétaire… Bref il s’agit d’un support au travail des intervenants que sont les staffs administratifs et techniques de la FTF mais aussi les vis-à-vis qui pourraient apporter une contribution concrète.
Cette logistique de travail n’existe pas au sein de la FTF. La preuve, l’absence d’un carnet de route qui devait normalement être en place avant le dernier match de qualification contre la Libye.
Cette défaillance explique en grande partie le tâtonnement constaté dans la mise en route d’un programme d’accompagnement à la participation tunisienne au Mondial de Russie.
Seules deux personnes, Wadii Jari et Nabil Maaloul, ont pris en charge tout ce qui à trait à ce «programme». Avec le peu de résultats comme ce stage aux frais du prince à Doha!
De Ridha Kraiem à Tarak Bouchamaoui…
Le président de la FTF crie haut et fort que l’instance fédérale a réussi sa mission en qualifiant l’équipe de Tunisie à la Coupe du monde 2018. Et après, la FTF a-t-elle les moyens de tirer le maximum d’avantages de cette qualification ? Et d’éviter dans la foulée les erreurs commises en 1998, 2002 et 2006 ? Les primes octroyées par la Fifa pour chaque fédération représentée en Coupe du monde 2018, de l’ordre de 24 MDT, iront-elles au profit du football, serviront-elles par exemple à améliorer les infrastructures sportives en Tunisie, à consacrer plus de moyens aux sélections de jeunes, à faire fonctionner des centres régionaux de football, à consolider la formation des entraîneurs, des arbitres?
Le plus écoeurant, c’est l’absence d’un carnet d’adresses à la FTF et encore moins chez Jarii et Maaloul, qui se présentent pourtant comme les deux hommes à tout faire dans le dossier Mondial 2018. La FTF se contente de gérer un calendrier de championnat minable et un corps arbitral en crise, mais reste dépourvue de départements relations publiques ni encore relations extérieures, obligatoires pour le fonctionnement d’une instance moderne et efficace.
Pourtant la FTF avait, dans les années 80 et 90, un service «public relations» très actif piloté par Ridha Kraiem, professeur d’anglais et secrétaire général adjoint qui prenait en charge les démarches avec les instances étrangères nationales et internationales. Et il excellait dans sa tâche grâce notamment à sa maîtrise de l’anglais, première langue du sport mondial et à son carnet d’adresses.
A l’époque, la FTF a pu organiser et à Tunis des matches de préparation de haut niveau contre le Brésil de Rivelino, la Hollande (1978, 1994), l’Allemagne (1987), la France de Platini (1978), l’Allemagne (1987), l’Angleterre (1990) et bien d’autres sparrings partners comme le Portugal et le Japon. Cela parce que le président de la FTF, en ce temps-là, le regretté Slim Aloulou, membre de la CAF et de la Fifa, avait de solides relations à l’étranger. Le contraire de Wadii Jari, membre d’une petite commission de la CAF qui, pour sauver la face, s’en est remis ces derniers jours à Tarak Bouchamaoui, membre tunisien du Conseil de la Fifa jusqu’en 2021 et du conseil exécutif de la CAF pour l’aider à «dénicher» un ou deux adversaires pour la préparation de l’équipe de Tunisie.
Signalons enfin que la Fifa virera en mars prochain une première tranche d’un montant d’un million et demi de dollars (3,7 MDT) sur le «prize money» réservé à chaque sélection qualifiée pour la Coupe du monde 2018. Montant accordé à chaque fédération concernée pour couvrir les frais de préparation au mondial. Encore faut-il garantir deux matches pendant cette seule période réservée par l’instance mondiale.
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