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Reportage : Une journée avec Ooredoo El Khir à Sidi Mhemmed

Ooredoo El Khir vient de construire 2 maisons à Sidi Mhemmed (Aïn Drahem, Jendouba), un bout de terre s’étendant à perte de vue au pied d’une montagne entourée de forêts de liège.

Par Zohra Abid


Créée en mai 2016 par des employés bénévoles de l’opérateur, cette association est déjà à sa quatrième intervention. Sa première action a eu lieu à Sers, au Kef, où 350 enfants ont reçu des cadeaux à l’occasion de l’Aïd, sa deuxième, toujours au Kef, où 600 écoliers de 9 écoles ont reçu des aides à l’occasion de la rentrée scolaire et la troisième, appelée action d’hiver, a concerné, en décembre dernier, des familles de Aïn Hammam, à Téboursouk (Béja), qui ont reçu des couvertures et des vêtements chauds. D’autres petites actions ont eu lieu à Dahmani, Sidi Yossef, Makthar à l’occasion de la rentrée scolaire 2017/2018. Des cartables ont été distribués aux élèves et des murs effondrés d’écoles ont été reconstruits, explique la présidente de l’association Imen Belhaj Nasr.

Une région richement dotée par la nature mais oubliée du pouvoir central.

Des masures en haut de la colline

«Suite aux incendies de l’été 2017 ayant ravagé une partie des forêts dans cette région, on est venu avec le Croissant rouge et l’association locale Achbel Khemir observer les dégâts. La misère qu’on a découverte dans des masures délabrées perchées en haut de ces collines nous a interpellés», a déclaré le trésorier de l’association, Karim Haj Salem, lors d’une visite des représentants de médias, le vendredi 19 janvier 2017, organisée à l’occasion de l’achèvement des travaux des 2 maisons.

«Il y a dans la zone, au total, une trentaine de maisons délabrées où la vie en hiver est impossible, mais nous sommes venus en aide des 2 familles les plus pauvres en leur construisant un toit digne», explique M. Haj Salem, en précisant que les travaux dans les 2 maisons, d’une superficie de 100 m2 chacune, ont duré 4 mois et que l’opération a coûté 33.000 dinars. «L’acheminement des matériaux était difficile en raison des oueds et de cette pente caillouteuse presque impraticable», a ajouté le responsable d’Ooredoo El Khir, tout en empruntant, avec ses invités, à pieds, un sentier argileux glissant menant au sommet de la colline. «Il y aura bientôt d’autres actions un peu partout dans le pays et elles concerneront la rénovation de 5 écoles pour un montant de 250.000 dinars», a assuré Karim Haj Salem. Et d’ajouter : «Ceux qui souhaitent s’associer à nos actions peuvent le faire. Nous avons un dépôt au siège et un autre à notre local technique de la Charguia pour la collecte des dons en nature, comme un frigo, une télé, un matelas… Ils seront de grande utilité aux plus démunis».

Une population démunie mais digne et qui se bat. 

Am Salah, Mounira, Fatma et les autres

Parmi les habitants croisés ce jour-là, Am Salah, ainsi que des femmes et des enfants dont on a caché le visage et auxquels on a donné des surnoms, pour préserver, grâce à l’anonymat, leur dignité.

Impossible de donner un âge à Aïcha, mère de 3 enfants scolarisés et dont le mari est alité et vit dans un total dénuement. Elle n’a pas les moyens de réparer les fuites du toit en ardoises de sa maison et souhaite en parler à la «chaîne Ooredoo», prenant l’opérateur pour une chaîne de télévision mécène.

Sa voisine Fatma, qui vit de la récolte saisonnière des pins d’Alep, est accompagnée de son unique enfant, une petite blonde qui vient de rentrer de l’école, située à un kilomètre de la maison. «Je dois l’attendre au croisement. Je crains les sangliers et autres dangers», dit la jeune veuve. Totalement dans le besoin, elle regarde le cortège d’Ooredoo, prend sa fille par la main et elles montent ensemble vers la maison.

Les jeunes bénévoles d’Ooredoo El Khir peignent les murs à la chaux.

Mounira, qui se chauffe au soleil, a eu la chance d’être remarquée et prise en charge par Ooredoo El Khir. Au pied de sa maison, qui vient d’être construite juste à côté de son «kib» (gourbi), se dit comblée. Et pour cause: elle a désormais un toit digne de ce nom et ses enfants en bas-âge, qui passent pratiquement tous les hivers à tousser à cause du froid et de l’eau pénétrant de partout, vont enfin être au chaud.

Am Salah Saïdi était lui aussi heureux de voir sa nouvelle maison prête à l’habitation. Il va quitter bientôt sa masure au toit en tuiles datant d’un autre temps. Il a 5 enfants dont une fille récemment mariée. L’aîné, qui a 33 ans, ne travaille pas, tout comme ses 2 frères âgés de 24 et 26 ans. Il est malade comme sa maman. «Il est atteint d’une maladie mentale. Sa maman aussi; elle est comme une loque humaine et ne quitte pas le lit. Je ne trouve même pas de quoi leur acheter les médicaments. Nous vivons tous grâce à la pension mensuelle de 150DT versée par l’Etat», , explique Am Salah, tout en se montrant content d’avoir enfin un poste de télé chez lui et un frigo que l’association lui a donné.

Combien de masures à transformer en maisons dignes d’être habitées ?

Le faux puits de l’association El Boniene El Marssouss

Quid de d’eau potable ? Les habitants de cette zone enclavée en sont privés depuis toujours. «L’été dernier, une association a fait jaillir l’eau potable d’un puits. Ça n’a duré qu’une journée. On a été bluffé par cette association qui a, pour des raisons politiques, diffusé partout les images de notre joie. Il n’y a rien sur cette colline de la chaîne Khemir, vraiment rien», raconte encore Am Salah.

En juillet 2017, l’association islamiste El Boniene El Marssouss a donné en spectacle, en présence d’une députée d’Ennahdha et de représentants des médias, l’explosion de joie des habitants de ce village disposant enfin d’un puits qui allait fournir de l’eau douce. Dès que les journalistes étaient partis, l’eau a séché dans le puits !

Selon un rapport publié en 2016 et actualisé en 2017 par de l’’Institut national des statistiques (INS), les taux de pauvreté les plus élevés en Tunisie se trouvent dans les régions du centre et du nord-ouest (30%), ainsi qu’à Kebili (18%), alors que la moyenne nationale est de 15% (contre 20,5% en 2010).

Les bénévoles d’Ooredoo El Khir.

Que peut faire l’Etat dans cette région de Khroumirie, l’une des plus belles du pays et des mieux dotées par mère nature mais dont les habitants manquent de tout? La priorité, bien sûr, c’est le développement de l’infrastructure. Des projets sont en cours, comme celui de déviation de la route nationale n°17 au niveau du barrage Oued El Kébir près de Babouch, entre Tabarka et Aïn Drahem, au coût estimé à 20 millions de dinars tunisiens (MDT). La capacité de stockage du barrage va être portée de 8 à 64 millions de m3, ce qui va rejaillir positivement sur cette zone forestière qui offre des ressources hydriques importantes et une biodiversité généreuse et où vivent pas moins de 300.000 âmes et, souvent, dans une grande précarité.

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