La «légion étrangère» de Maaloul : Bronn, Hassen, Benalouane, Khaoui, Skhiri et Srarfi.
Dans une sélection, qui plus est à la veille d’une aussi importante compétition que la Coupe du monde de football, les joueurs ne font pas tous l’unanimité. Celle de Tunisie ne déroge pas à la règle.
Par Hassen Mzoughi
La liste des joueurs convoqués pour les deux premiers matches amicaux de préparation de l’équipe de Tunisie à la Coupe du monde de Russie, contre l’Iran le 23 mars à Radès et le Costa Rica le 27 mars à Nice, révèle d’abord une nouveauté historique : la domination écrasante des Tunisiens évoluant hors des frontières, soit 18 expatriés contre 10 locaux, jamais une sélection tunisienne n’a réuni un tel quota de joueurs non-locaux. Quant aux 10 «nationaux», ils sont issus du «Big Four» du championnat de Tunisie : l’Espérance sportive de Tunis (EST, 4), le Club sportif sfaxien (CSS, 3), le Club africain (CA, 2) et l’Etoile sportive du Sahel (ESS, 1).
Des locaux pour des stages de formalité
À 3 mois de son premier match du Mondial, le 18 juin contre l’Angleterre, le coach Nabil Maaloul n’a pas dérogé à «sa règle» en restant fidèle à des joueurs qu’il considère inamovibles quelle que soit leur forme. Comme par exemple les gardiens Aymen Balbouli (Al-Baten, Arabie Saoudite) et Moez Ben Chrifia (EST).
Les portiers numéros 1 et 2 de la sélection connaissent une saison compliquée et ne sont pas au meilleur de leur disposition. Mais si le sélectionneur tient tant à son lieutenant, Aymen Balbouli, pourquoi Moez Ben Chrifia et pas Rami Jeridi (CSS), Achraf Krir, le portier de l’ESS, Makrem Bdiri (Union sportive monastirienne, US Mo) ou encore Atef Dkhili (CA)?
Et si Nabil Maaloul emmènera Mouez Hassen (Châteauroux, France) en Russie, comme l’a demandé le joueur avant de donner son accord pour venir en sélection, pourquoi avoir convoqué Farouk Ben Mustapha (Al Chabab, Arabie saoudite) juste pour le tableau de famille. Les gardiens «locaux» sont-ils «bons» uniquement pour meubler des stages de formalité, organisés juste pour justifier un salaire.
Bien entendu les confirmations ne manquent pas: Rami Bedoui (ESS), Khalil Chammam (EST), Oussama Haddadi (Dijon, France), Ali Maaloul (Al-Ahly, Egypte), Yassine Meriah (CSS), Hamdi Nagguez (Zamalek, Egypte), Mohamed Amine Ben Amor (Al-Ahli SC, Arabie Saoudite), Wahbi Khazri (Rennes, France), Youssef Msakni (Al-Duhail, Qatar), Naim Sliti (Dijon, France), Ferjani Sassi (Al-Nasr, Arabie saoudite), Anis Badri (EST), Fakhreddine Ben Youssef (Al-Ittifaq, Arabie Saoudite), Taha Yassine Khenissi (EST).
Pourquoi pas Saber Khalifa ou Hamdi Harbaoui ?
L’absence de Saber Khalifa (CA) est une véritable surprise. Cet attaquant d’expérience, en forme et l’un des artisans de la montée en force du CA, offre un profil très intéressant : vitesse et technique, en plus d’un jeu aérien de qualité, très utile au moment d’affronter les Anglais et les Belges. Il offre une bonne solution côté couloir gauche.
Un autre attaquant mais dans un autre style aurait pu rendre service : Hamdi Harbaoui (Zulte Waregem, Belgique). D’autant qu’il n’ya personne avec Taha Yassine Khenissi dans le poste d’attaquant de pointe.
L’avant-centre de Zulte Waregem a beau marquer, briller mais le sélectionneur de l’équipe de Tunisie a obéi à certains joueurs et à la FTF qui posent leur véto à son retour en sélection. Il paie encore le prix de son franc-parler lorsqu’il avait critiqué l’indiscipline de ses coéquipiers (dont plusieurs sont encore là), la Fédération tunisienne de football (FTF) et le sélectionneur Sami Trabelsi, après une Coupe d’Afrique des Nations (CAN 2013) lamentablement ratée. Depuis, il a été banni de la sélection !
Le veto est également valable pour Rami Jeridi qui avait pourtant joué un rôle déterminant dans la victoire finale de la Tunisie en Championnat d’Afrique des nations 2011.
La Tunisie a raté l’édition 2006 de la Coupe du monde en Allemagne car les meilleurs n’étaient pas sélectionnés. Or, à part le problème des gardiens, la sélection Tunisie a un problème d’attaquants.
Les Aigles de Carthage entameront officiellement la préparation à la fin de ce mois de mars. Les deux mois et demi avant le Mondial suffiront-ils à l’intégration des nouveaux : Mouez Hassen, Yohan Benalouane (Leicester City, Angleterre), Dylan Bronn (La Gantoise, Belgique), Saîf-Eddine Khaoui (Troyes, France), Ellyes Skhiri (Montpellier, France) et Bassam Srarfi (OGC Nice)?
La question est d’autant plus légitime que le temps n’est plus au tâtonnement, à l’improvisation et au rafistolage.
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