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L’UGTT entre dérives corporatistes et dérapages politiques

D’errements en dérapages, l’UGTT (Union générale tunisienne du travail) est-elle en train de se transformer, en Union générale des grévistes de Tunisie (UGGT).

Par Tarak Arfaoui *

Au rythme de la gabegie ambiante postrévolutionnaire qui règne dans le pays, il est malheureux de constater que le mot d’ordre de l’UGTT est devenu une véritable litanie : la grève!

Après la révolution dont elle a été, du moins aux derniers jours, l’un des moteurs, l’illustre UGTT s’est progressivement mise dans l’œil du cyclone. Ses actuelles élucubrations rythmées par un corporatisme dépassé, des dérapages incontrôlés, des surenchères irréalistes et une irresponsabilité sidérante de ses dirigeants nous ont laissé regretter l’âge d’or de la centrale syndicale, ses innombrables sacrifices, ainsi que le pragmatisme de ses illustres dirigeants qui font malheureusement partie de l’histoire.

Une centrale syndicale qui fait office de parti politique

Au rythme de la gabegie ambiante postrévolutionnaire qui règne dans le pays, il est malheureux de constater que le mot d’ordre de l’UGTT est devenu une véritable litanie : la grève!

Que la Tunisie s’étrangle, tombe dans une crise d’apoplexie sociale et agonise, en dehors de la grève, il n’y a point de salut.

La vénérable UGTT de Mohamed Ali Hammi et Farhat Hached s’est transformée par la grâce du Sieur Noureddine Taboubi, son nouveau secrétaire général, en UGT (Union générale des grévistes de Tunisie) et, dans les faits, en un véritable empêcheur de tourner en rond devenant peut-être l’unique centrale syndicale dans le monde qui fait office de parti politique.

Son secrétaire général se prend, avec tout mon respect pour son supposé passé militant, pour une grosse légume de la politique, que ni sa stature ni son niveau d’instruction ne lui permettent de l’être. Il se comporte comme un chef de parti oubliant les fondements du syndicalisme, s’habillant d’un costume (déglingué) largement au-dessus de sa taille. Qu’a-t-il à fourrer son nez dans la politique du gouvernement? À réclamer la destitution de certains ministres et à en imposer d’autres? De quel droit syndical délivre-t-il continuellement des critiques acerbes envers le chef du gouvernement dont il a réclamé la tête à plusieurs reprises? Est-ce le rôle de l’UGTT de faire de la politique?

Le bureau exécutif de l’UGTT, quant à lui, donne l’impression d’être un bureau politique, dont certains membres sont de véritables apparatchiks indéboulonnables qui font de la revendication tout azimut leur principale feuille de route et dont les messages envers leurs adhérents sont invariablement claniques et partisans.

Lassaad Yaacoubi ou le manque d’éducation comme arme de destruction massive.

Des dirigeants syndicaux obtus et jusqu’au-boutistes

Certaines des fédérations de l’UGTT, et sans généraliser, sont parfois dirigées par des secrétaires généraux obtus et jusqu’au-boutistes. L’archétype en est représenté par l’arrogant Lassaad Yaacoubi, ci-devant ir-reponsable de la commission de l’éducation nationale dont le manque d’éducation est un véritable boulet de canon qu’il traîne sur tous les plateaux télé n’ayant aucune gêne à proférer continuellement des menaces envers le ministre de tutelle, menaces indignes d’un supposé éducateur.

L’UGTT étant par essence une institution démocratique, M. Yaacoubi, grâce à sa véhémence et son agressivité, a su gravir les échelons de la promotion syndicale pour arriver là où il ne doit pas être et donner le très mauvais exemple de l’opportunisme syndical pour une finalité que tout le monde connaît

Pourtant, l’UGTT est très bien outillée pour différencier la bonne graine de l’ivraie. Ses conseillers et ses experts économiques maîtrisent parfaitement tous les dossiers brûlants et mesurent mieux que quiconque les graves difficultés économiques et sociales dans lesquelles se débat le pays.

Ils savent très bien que le pays s’est lourdement endetté, que les finances publiques sont dans un état précaire, que la masse salariale engloutit une grande partie du budget de l’Etat, que la productivité est en berne et que les ressources sont limitées. Ils savent très bien que les surenchères, les revendications et les grèves tournantes sont caduques et n’ont aucune efficience.

Ils savent très bien qu’une trêve sociale est impérative pour sauver le pays.

La seule explication plausible, en dehors de l’incompétence avérée de ses actuels dirigeants et de leurs calculs hypocrites, est que les instances de l’UGTT n’ont plus d’emprise sur leurs militants, manipulés par différents courants, chacun essayant de tirer des profits politiques de la situation désastreuse du pays en profitant de la faiblesse du gouvernement.

L’exemple très récent de l’initiative avortée de M. Mbarki, membre du bureau exécutif de la centrale syndicale, pour ramener le calme dans le bassin minier de Gafsa et qui a très vite jeté l’éponge qualifiant les sit-inneurs empêchant l’extraction et le transport du phosphate d’irresponsables en est la meilleure preuve.

* Médecin de libre pratique.

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