Les acteurs politiques doivent prendre de la hauteur, à l’image du président de la république Béji Caïd Essebsi et du chef du gouvernement Youssef Chahed, qui ont placé l’intérêt du pays au-dessus de toute autre considération pour assurer une croissance dans la stabilité et la paix sociale.
Par Naceur Ben Frija *
En annonçant, le 28 mai 2018, la suspension des négociations de l’Accord de Carthage II, en ces termes : «Nous suspendons les discussions, mais n’insultons pas l’avenir», le président Caïd Essebsi, n’a pas seulement fait preuve de responsabilité et de sagesse, en visant l’avenir.
Il en est de même, lorsqu’il a renvoyé les protagonistes devant l’Assemblée des représentants du peuple (ARP), s’agissant de l’article 64 de l’Accord de Carthage II, concernant le départ ou le maintien de Youssef Chahed, demandé par certaines parties à l’Accord.
Sur le terrain du long terme
De manière voulu ou contrainte, le chef de l’Etat a, non seulement respecté le texte et l’esprit de la Constitution, mais il a par la même occasion également affirmé son attachement à la démocratie et delà au régime parlementaire dont est doté le pays. Lui qui a vécu deux malheureuses expériences du régime présidentiel en Tunisie.
Il a donc fait davantage preuve de clairvoyance pour l’avenir démocratique de la Tunisie.
Il a répondu par la même occasion à ceux qui lui prêtent l’intention de vouloir revenir au régime présidentiel, en soulignant son souci de respecter le processus démocratique qui n’est qu’à ses débuts dans notre pays.
Il s’est placé par conséquence sur le terrain du long terme en traçant très clairement la voie à suivre pour la Tunisie future.
Dans la foulée, le chef du gouvernement n’a pas dit autre chose, dans son intervention télévisée du 29 mai 2018, concernant la voie démocratique à épouser pour l’avenir de la Tunisie.
Il a appelé les Tunisiens, dans leur langue de tous les jours, l’arabe dialectal, à le soutenir face à ceux qui cherchent les coups de force, forcément non inclusifs.
Le changement de gouvernement n’est pas un remède miracle
Le chemin pour asseoir la démocratie est certes long et parsemé d’obstacles, mais l’apprentissage de celle-ci passe mieux par le régime parlementaire et le multipartisme, après l’expérience faite d’un parti omnipotent et omniprésent, reconnu par tous aujourd’hui comme tel, y compris par ceux qui en faisaient partie.
Un changement de gouvernement n’est ni un programme ni une feuille de route en soi, ni ne doit être un objectif têtu à atteindre. L’Accord de Carthage II est certes une feuille de route, mais si les moyens font défaut, aucun gouvernement ne peut prétendre détenir la baguette magique pour la réaliser sans être en possession de ces moyens. Et ce quel que soit la stature du chef de gouvernement et la compétence des membres de son gouvernement.
L’assainissement des entreprises publiques, des caisses sociales et toutes les réformes douloureuses qui restent à entreprendre nécessitent des moyens financiers et participent d’un choix politique arrêté à la faveur d’un dialogue sain, plutôt que d’un changement du chef du gouvernement ou d’un remaniement général qui ouvre la voie à des enchères qui peuvent s’avérer interminables vu le nombre d’ego à satisfaire si l’on observe de près la scène politique actuelle et ses tiraillements.
Les acteurs socio-économiques doivent placer l’intérêt du pays au-dessus de toute autre considération en vue d’une croissance dans la stabilité et la paix sociale au service de la collectivité et du citoyen, aujourd’hui complètement déstabilisé par l’atteinte majeure à son pouvoir d’achat et à sa qualité de la vie.
* Conseiller juridique.
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