Lotfi Brahem, à droite, se voyait déjà à la Kasbah et même à Carthage.
Les monarchies arabes du Golfe ne font pas mystère de leur soutien inconditionnel à Lotfi Brahem, l’ex-ministre de l’Intérieur tunisien limogé, et recourent à l’exagération et à la désinformation pour le soutenir.
À lire leurs médias, commentant la décision du chef du gouvernement Youssef Chahed de se séparer de l’ex-ministre de l’Intérieur, on dirait que nous sommes, en Tunisie, à l’aube d’une nouvelle révolution. C’est ce qu’un Arabe vivant au Golfe, qui s’informe via les médias de son pays, croirait en les lisant.
La palme de l’exagération revient au journal ‘‘Al-Khalij’’ des Emirats arabes unis, qui a titré, hier, samedi 9 juin 2018, «Manifestations et appels à la désobéissance civile en Tunisie pour protester contre le limogeage du ministre de l’Intérieur».
Difficile de ne pas voir dans ce soutien à l’ancien commandant de la garde nationale une volonté des pays du Golfe de provoquer en Tunisie un changement comme celui survenu en Egypte, en 2013, avec la prise du pouvoir par le général Abdelfattah Al-Sissi et le retour de ce pays à la case départ de la dictature militaire, après la courte parenthèse du «printemps arabe».
Les dirigeants du Golfe, qui ont déroulé le tapis rouge à Lotfi Brahem et lui ont réservé un accueil digne d’un chef d’Etat, lors de sa visite en Arabie saoudite, en mars dernier, ont cru tenir en ce superflic un Al-Sissi tunisien ou mieux un second Ben Ali.
On comprend dès lors leur grande déception après son limogeage : le scénario qui consiste à faire échouer le processus démocratique en Tunisie, modèle insupportable à leurs yeux, a momentanément échoué. Ils vont devoir en inventer un autre, car on les voit mal abandonner si vite la partie.
Imed Bahri
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