Le coach de l’équipe Tunisie, Nabil Maaloul, est l’incarnation même du mélange sport, religion et politique.
Il est impératif de sortir du sport, outre la politique, la foi qu’on galvaude sur les terrains profanes alors qu’elle ne peut être honorée que de manière intime et en des lieux dédiés.
Par Farhat Othman *
L’ostentation supposée religieuse qu’on voit de plus en plus dans la vie publique, gagnant même les terrains de sport, est de la religiosité qui n’est qu’une négation de la foi authentique, particulièrement islamique faisant de l’acte d’adoration de Dieu un rapport exclusif entre le fidèle et son créateur, devant avoir lieu dans la discrétion absolue et des conditions appropriées de propreté d’un lieu propice à la méditation spirituelle. Ni un terrain de sport, ni la rue à plus forte raison, ne peuvent être des endroits d’adoration divine, à moins de manquer de respect à la gloire de Dieu !
Vraie et fausse foi en islam
Il n’est nul besoin de montrer sa foi en islam pour s’en prévaloir; seul Dieu en est juge; car Il voit tout et n’a pas besoin qu’on Lui montre quoi que ce soit qui n’est alors que de la pure affectation destinée aux humains.
Le musulman véritablement pieux est ce croyant qui ne se soucie pas de faire savoir ce qu’il fait ni ce que pensent de lui ses semblables; dans sa piété, du moment qu’elle est sincère, il se livre tout entier à son Dieu et n’a d’yeux que pour Lui. C’est cela le sens même de l’islam qui signifie le fait de déférer à Dieu, de se remettre en tout et tout entier à Lui.
Aussi, les manifestations se voulant un hommage à l’islam qu’on voit hors des lieux dédiés à la prière, comme ces prosternations sur les terrains de sport, ne font que caricaturer et dénaturer une religion qui magnifie l’acte de prier en lui dédiant un lieu de culte quasi sacré. Ce n’est qu’ainsi que l’orant est en mesure d’être dans la condition optimale de totale communication avec son créateur, ne se comportant nullement en automate juste capable d’abaisser le front au sol et de lever le derrière, embrassant une terre guère propre, tel un adorateur d’idoles, sans nulle dignité. Or, le musulman est un être humain digne du fait de la mission placée en lui par son créateur qui en a élevé au plus haut la condition.
Il nous faut donc réaliser à quel point l’on fait du tort à notre foi qu’on galvaude par ce dont on commet d’étalage honteux à la manière d’un produit de réclame, un pur commerce dont on vanterait la marque. Agissant de la sorte, on ne fait que violer la lettre et l’esprit de l’islam.
Il en va de même avec ces vidéos qu’on a fait circuler sur internet de nos joueurs de football en prière, et qui ne sont qu’une mascarade devant être dénoncée; car elle porte atteinte aussi bien à la religion qu’au sain esprit sportif ne devant point se soucier d’autre chose que de ce que commande son sport. C’est juste la performance sportive qu’on doit offrir en spectacle selon les règles intrinsèques au sport, les seules à respecter et dont on peut à la limite faire état médiatiquement, mais nullement ce qui ne relève que de l’intime.
Une prière pour gagner un match ou pour remercier Dieu d’avoir gagné est bien légitime, bien évidemment; mais elle ne l’est qu’en étant personnelle et discrète, car sinon elle devient cette ostentation qui n’a rien à voir avec une intention pure. Or, Dieu proscrit l’ostentation des hypocrites.
La religiosité vicie la spiritualité
Ce mal de religiosité qui gangrène aujourd’hui nos sports est un mal viral qu’il importe de dénoncer et de stopper au plus vite, au nom même de l’islam. Il est de la même nature que la politisation de plus en plus grande qui gagne le sport; dans les deux cas, on ne fait que commercer avec le sport, tantôt avec la religion, tantôt avec la politique, toutes deux ravalées au plus bas niveau.
La politique perd ses lettres de noblesse en étant imposée à un sport qui, quel qu’il soit et quel que soient l’identité et la nationalité des sportifs, doit donner le meilleur exemple du fair-play. Il en va de même de la foi qui doit être aussi sans taches, en mesure de donner aussi l’exemple insigne, une sorte de fair-pray.
Outre les politiques profanes, il importe que ceux qui agissent sur la scène publique au nom des valeurs religieuses fassent enfin l’effort de rappeler ce qu’est la foi véritable : avant d’être le simple fait de croire en une religion, elle est d’abord d’accorder de la crédibilité, de faire confiance. C’est pour eux un impératif catégorique, non seulement d’éthique, mais surtout d’honnêteté. Le mot foi vient, en effet, du terme latin fides voulant dire avoir confiance. Or, quelle confiance peut-on donc avoir en qui ne fait que se montrer par une pratique religieuse réduite à l’acte de marketing ?
C’est bien cela la foi musulmane véritable, nullement sa mauvaise caricature à laquelle on assiste régulièrement et qui n’est que de la croyance qui fait de l’acte de croire le synonyme de l’action de faire crédit. N’est-ce pas là l’acte commercial par excellence ? On agissant comme on le fait, on ne fait point état d’une quelconque foi islamique, on ne fait que donner et se donner l’illusion d’avoir la foi, alors qu’on se limite à considérer vrai ce qu’on fait ou chercher à le faire croire et donc tromper.
C’est exactement pareil au fait de croire à un conte de fées ou de prêter foi aux mensonges publicitaires nous présentant des vessies pour des lanternes. Par conséquent, il ne suffit plus de se dire être musulman et servir l’islam en agissant comme on le fait, il importe de veiller à la sincérité de cette croyance; ce qui impose de vérifier si l’on respecte effectivement ce qu’impose la foi : ce sentiment de confiance en cette manifestation de l’islam.
Peut-on être en confiance avec qui agit en charlatan ou en commis de commerce, usant et abusant de la religion, osant singer n’importe comment et à n’importe quel endroit l’acte majeur de prier, embrassant un sol impur ou priant dans des rues qui ne sauraient avoir ni la sacralité ni le prestige d’un lieu dédié à la prière?
Et que dire du résultat d’une telle hypocrisie introduisant de graves altérations à la spiritualité véritable en une activité de ce sport qui, étymologiquement, signifie «porter plus loin» dérivant du latin deportare? Cela déporte justement loin, et même très loin, le tort fait à notre islam aux yeux de qui ne le connaît pas ou ne veut plus le connaître puisque ses adeptes en donnent déjà la plus mauvaise illustration.
Il est ainsi impératif de mettre urgemment le holà aux dérives auxquelles on assiste dans le respect dû à l’islam qui est la foi de la majorité des Tunisiens. La coupe du monde nous aura apporté, s’il le fallait, une motivation supplémentaire: il importe de sortir la religion du sport pour revenir au seul domaine où elle a toute sa grandeur, celui de l’intime.
Comme de la politique et ses pratiques machiavéliques, le sport doit être débarrassé des menées charlatanesques de quiconque croit faire du sport en s’adonnant à une fausse religion, un Antéislam, où l’on adore se montrer pieux quand on ne fait que démontrer encore mieux son impiété.
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