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Produit de terroir : À Djebba, la figue Bouhouli est reine

Les figues sont sur les étals des marchés, leur prix varie selon le calibre, l’aspect, etc., peu de Tunisiens en connaissent les différentes variétés. Pour rencontrer, connaître ses secrets et apprécier ce fruit, il faut découvrir le village et les hommes qui l’incarnent : Djebba.

Par Hamma Hanachi

C’est précisément dans le but de marquer l’ouverture officielle de la campagne des figues («karmous» en arabe tunisien) avec appellation d’origine contrôlée (AOC), que les différents organismes relevant du ministère de l’Agriculture, des Ressources hydrauliques et de la Pêche et l’Organisation des Nations Unies pour le développement industriel (Onudi) ont organisée, le mardi 10 juillet 2018, une journée de découverte pour faire connaître et promouvoir ce produit phare de la région.

Dans la foulée de sa visite, en ce jour d’ouverture, Samir Taïeb, ministre de l’Agriculture, des Ressources hydrauliques et de la Pêche, accompagné des cadres de son ministère, a inauguré une boutique de vente dans le village. Il déclare : «Je souhaite vivement l’arrivée de promoteurs intéressés par le développeraient d’un type de tourisme alternatif». Et il rappelle que «le taux de chômage à Djebba avoisine le zéro…»

Une figue embrumée dans sa pruine, charnue, élégante, de couleur mauve foncé à noire.

Un village, un fruit, un label…

Djebba est un village rustique, moins connu que ses voisins Teboursouk ou Thibar (réputé pour ses vignobles). Situé dans le gouvernorat de Béja, il est enclavé au flanc de la montagne Gorâa (700m) d’où coule une source d’eau nourricière. L’architecture des maisons y est modeste, proportionné, authentique et ne connaît pas (encore) l’engouement des «bâtisseurs» de villas modernes et autres édifices à étages.

D’en haut, la vue domine un paysage vaste, varié, lourd du poids de la lumière (l’été) et de l’épaisseur du silence. Quelque 6000 habitants y vivent de l’agriculture et plus particulièrement de la culture de la figue.

Samir Taieb inaugure une boutique de vente dans le village. 

L’une parmi les 27 variétés reconnues de figues (Goutti, Garai, Boukhobza, Soltani, Zergui…) s’appelle Bouhouli, dénommée ainsi parce qu’elle porte la même couleur que le «houli», habit traditionnel rural, cette variété est la seule en Tunisie à être certifiée Appellation d’origine contrôlée (AOC) et ne pousse que dans cette région.

Cette appellation, octroyée par le ministère de l’Agriculture en 2014, obéit à des critères précis : aire géographique, savoir-faire reconnu, milieu physique et communauté humaine qui fondent la spécificité du produit…

L’appellation d’origine prend du chemin

Nuria Ackermann, chef de projet à l’Onudi, coordinatrice du Projet d’accès aux marchés des produits agro-alimentaires et de terroir (Pampat), relevant du secrétariat d’Etat à l’Economie suisse (Seco), nous apprend que les marques Carrefour, Magasin Général, quelques boutiques des quartiers chics lui réservent à partir de cette année une place dans leur rayon «épicerie fine».

La société mutuelle regroupe plus de 100 producteurs.

Le Bouhouli, embrumé dans sa pruine est charnu, élégant, de couleur mauve foncé à noire, il est coiffé de son label AOC et déroule une belle histoire de réussite comme projet de développement durable. De par ses qualités visuels et gustatives, il fait du chemin sur le marché local et conquiert bravement les marchés internationaux comme la France, la Suisse et les pays du Golfe où il est fortement appréciés par les amateurs. Il est vendu 80% plus cher que ses congénères «ordinaires».

Suite à la labellisation en 2014, 67 agriculteurs se sont groupés pour créer une Société mutuelle de services agricoles (SMSA) et aujourd’hui le nombre des affiliés est passé à plus de 100.

Les figues de Djebba désormais distribuées dans les grandes surfaces.

Mme Ackermann précise : «En 2017, 12% de la production locale de figues de premier choix était commercialisé sous le label AOC. À la fin de la campagne 2018, nous aurons doublé cette quantité. Mais la démarche de la valorisation d’un produit de terroir à travers une appellation AOC va au-delà de la simple labellisation. Les femmes ont commencé à produire des figues séchées, des confitures et du chocolat fourré aux figues. Il faut noter que la Tunisie dispose d’un patrimoine agroalimentaire vaste… En 2016, le ministère de l’Agriculture, l’Agence de promotion des investissements agricoles (Apia) et l’Onudi/Financement suisse a engagé un premier travail d’identification des premiers produits du terroir. Dans cet inventaire, nous avons répertorié 220 produits dans les 24 gouvernorats… Dans cette liste, nous trouvons la truffe de Sejnane, le miel de Sejnane, les escargots de Bouficha ou le lait de chamelle de Ben Guerdane…»

Djebba fête le karmous.

Cette expérience unique en Tunisie est considérée comme un modèle de réussite qui confirme la valeur de l’AOC, en tant que catalyseur de développement régional.

La figue AOC en tant que produit phare, fait parler du village, améliore sa visibilité. Lors de son allocution, le ministre a promis de multiplier les salons qui ont pour vocation à montrer les produits régionaux qui se distinguent par leur qualité.

La campagne de la Figue de Djebba s’ouvrira le 10 juillet 2018

Un camion frigorifique pour la figue de Djebba

Les figues de Tunisie, une richesse insoupçonnée

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