Yamina Zoghalami/Abdelmonem Jelil.
La députée Yamina Zoghlami (parti islamiste Ennahdha) est intervenue hier après-midi, jeudi 25 octobre 2018, pour aider un jeune fiché S17 qui avait été bloqué par la police des frontières à l’aéroport de Tunis-Carthage. L’homme est soumis à une procédure frontalière.
Yamina Zoghlami a manifesté tapageusement son soutien à Abdelmonem Jelil, devant la salle d’embarquement de l’aéroport, en criant à l’injustice et en menaçant de faire un sit-in. «Il n’y a pas de loi dans ce pays», a-t-elle notamment crié, en accusant le colonel Saber Khéfifi, ancien directeur général des prisons, de s’être vengé d’Abdelmonem en inscrivant son nom sur la fiche S17 des personnes faisant l’objet de procédures frontalières.
Ce dernier a, de son côté, a menacé de s’immoler par le feu, si on ne le laissait pas partir, en affirmant qu’il est victime d’une injustice : «Venez m’arrêter ou laissez-moi prendre l’avion. Si je représente un danger pour le pays, arrêtez-moi donc, ou faut-il que je mette le feu à mon corps», a-t-il, notamment, crié. Et la députée de surenchérir : «C’est ça la Tunisie, c’est ça la démocratie en Tunisie. J’ai appelé le ministre de l’Intérieur et le chef du gouvernement, je ne vais pas te lâcher».
Interrogé sur cette affaire, un haut cadre du ministère de l’Intérieur a précisé à Kapitalis qu’Abdelmonem Jelil n’était pas interdit de voyage comme annoncé par certains, mais qu’il fait tout de même l’objet de procédures frontalières, pour des soupçons de liens avec des organisations pouvant porter atteinte à la sûreté nationale (traduire : terroristes). C’est à la police des frontières de trancher, et elle a finalement choisi de le laisser partir, parce qu’il avait obtenu un visa d’entrée en France.
L’appui de la députée et le scandale qu’elle a fait, sans parler de ses appels téléphoniques au chef du gouvernement et au ministre de l’Intérieur, ont sans doute été pour beaucoup dans cette issue heureuse pour Abdelmonem Jelil.
La scène, qui a été filmée par une proche de la députée et diffusée sur les réseaux sociaux, a provoqué diverses réactions. Certains internautes ont dénoncé le comportement de la députée islamiste et, surtout, sa manière de forcer la main aux autorités sécuritaires, qui se sont couchées.
Y. N.
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