En Italie, la cuisine est une culture pour ne pas dire un culte, elle joue un rôle important et rythment les conversations de la vie quotidienne. Pour promouvoir leur gastronomie les pouvoirs publics organisent chaque année la Semaine de la cuisine italienne dans le monde, intitulée «The Extraordinary Italian Taste» (en anglais dans le texte).
Par Hamma Hanachi
Dans ce cadre, l’Institut culturel italien, épaulé par l’ambassade d’Italie et leurs partenaires la Chambre tuniso-italienne de commerce et d’industrie (CTICI) et l’Agence italienne pour le commerce extérieur (ITA), ont organisé la 3e Semaine de la cuisine italienne en Tunisie.
En parallèle des manifestations d’ordre purement culinaire, dégustations de plats et autres démonstration de fabrication de pâtes (vendredi 23 novembre), l’Institut a programmé une rencontre (mardi 19 novembre) intitulée «Les Italiens qui innovent et inspirent… en cuisine», animée par le chef étoilé Pino Cuttaia.
Lutter contre le gaspillage est une priorité
Le mercredi 21 novembre, une conférence a été donnée par Michele Mascia, professeur à l’Université de Cagliari, portant sur un thème de grande actualité : «Le gaspillage alimentaire : un problème global, commençons par chez nous».
Directrice de l’Institut culturel italien, Maria Vittorio Longhi.
Le sujet est à première vue loin de faire recette; il semble hors du contexte de promotion de la cuisine italienne, puisqu’il n’est pas spécifique à La Botte mais concerne la planète entière.
Devant un parterre de jeunes étudiants du Centre culturel italien, M. Mascia annonce l’entrée : «Un tiers des aliments destinés à la consommation humaine soit 1,3 milliard de tonnes par an est perdu ou gaspillé». Et il continue, chiffres et graphiques à l’appui et peu ragoûtants : «Le gaspillage alimentaire dans les pays industrialisés est presque aussi élevé que le total de la production alimentaire en Afrique subsaharienne».
Les chiffres fournis par Mascia sont alarmants et peu appétissants : «On ne peut les ignorer ou les mettre de côté». Alors u’il y a dans le monde développé et en développement une production suffisante pour nourrir la terre entière, le gaspillage est une fatalité pour les uns, une injustice pour les autres.
Tenez-vous bien, chaque année 45% des racines et tubercules, 20% des viandes, 30% des céréales, 35% des poissons, 45% des fruits et légumes, 20% des oléagineuses et légumineuses, 20% des produits laitiers… sont perdues. Cette bouillie de chiffres nous reste sur l’estomac. Lutter contre le gaspillage est une priorité, sinon une urgence, c’est une évidence, les solutions ?
Michele Mascia lisant les chiffres alarmants du gaspillage.
«Pour prévenir les pertes et le gaspillage dans les pays industrialisés, il faut savoir que le rejet des denrées alimentaires est souvent plus économique que leur réutilisation, une partie de la solution est donc de développer une communication et une coopération entre les agriculteurs», répond le conférencier. Comment lire ces chiffres ahurissants ? Qu’il y a des intérêts énormes en jeu, qu’il y a un manque de volonté visible chez les hauts responsables économiques et politiques pour résoudre le problème du gaspillage ?
Qu’en est-il en Tunisie ?
Le gaspillage est général, aucun pays n’en est épargné, cette rencontre nous offre l’opportunité d’interroger les chiffres en Tunisie, pays en développement. Dans un récent atelier (septembre 2018) organisé par l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), des différents ministères, Tarak Ben Jazia, directeur de l’Institut national de consommation (INC) a fourni des chiffres inquiétants : 680.000 quintaux de pain, soit plus de 10% de la quantité fabriquée dans les boulangeries, d’une valeur de 100 millions de dinars tunisiens (MDT), sont annuellement jetés dans les poubelles.
Le gaspillage touche également 12% des aliments préparés dans les hôtels et 16% des repas dans les restaurants. Les grandes surfaces, elles, se débarrassent de l’équivalent de 2,8 MDT d’aliments.
Un public de jeunes étudiants.
Il est temps de sonner l’alarme sachant, à titre d’exemple que la subvention de la farine pour le pain est passée de 116,4 MDT en 2013 à 120 MDT en 2015. Il faudrait à notre avis multiplier les campagnes de sensibilisation des consommateurs à ce phénomène, combien regrettable et ruineux pour l’économie.
À la question relative aux chiffres données et qui datent de 2014, M. Mascia répond que ce sont les dernières statistiques de la FAO.
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