Une conférence sur le thème : «Le gaspillage alimentaire en Tunisie : enjeux et voies de réduction» s’est tenue, le 13 décembre 2019, à Tunis, le but étant de sensibiliser le grand public à cette problématique et élaborer des stratégies dans ce domaine.
La conférence organisée par l’Organisation des Nations unies pour l’agriculture et l’alimentation (FAO), en collaboration avec l’Institut national de la consommation (INC) et le ministère de l’Agriculture, des Ressources hydrauliques et de la Pêche vient couronner les travaux déjà entamés par plusieurs partenaires locaux et régionaux pour la lutte contre le gaspillage alimentaire, et emmener à table tous les partenaires stratégiques pour gagner cette bataille.
Les efforts de l’INC depuis 2016 sur le gaspillage alimentaire, particulièrement le gaspillage du pain, ont été complétés par l’appui financier de la l’Agence italienne de coopération internationale et développement depuis 2017 pour achever avec la FAO une évaluation des pertes et du gaspillage des produits céréaliers et laitiers, dans le cadre du projet «Réduction des pertes et gaspillage alimentaire et développement des chaînes de valeur pour la sécurité alimentaire en Egypte et en Tunisie».
Mohamed Amrani, coordinateur de la FAO pour l’Afrique du Nord, a réaffirmé que les pertes et gaspillage des produits agricoles et alimentaires représentent un manque à gagner important pour les différents acteurs à tous les niveaux de la chaîne de valeur et une source de gaspillage de ressources naturelles et des moyens de production.
Il a également noté que la prévention et la réduction de ces pertes pourraient constituer, par ailleurs, une opportunité de création d’emplois et de valeur ajoutée permettant ainsi d’améliorer les revenus et de renforcer la sécurité alimentaire. Elle permettrait aussi une meilleure organisation des filières agricoles.
La FAO avait organisé cette conférence régionale le 22 novembre en Tunisie, avec des experts qui ont partagé leurs expériences et les meilleures pratiques de réduction du gaspillage le long des chaînes de valeurs alimentaires, y compris les banques de l’alimentation – de l’Egypte, la Tunisie et le Yémen, les jeunes avec des idées créatives et applications électroniques innovatrices (Gaspi Stop), des écoles qui ont réussi des projets pilotes (Lycée Gustave Flaubert-La Marsa) et des ONGs œuvrant à éliminer les déchets (Zero Waste…
La présence du ministre du Commerce, Omar El Béhi, à l’inauguration de la conférence a marqué un point fort, confirmant le support du ministère à toutes mesures pouvant réduire le fléau du gaspillage alimentaire, surtout celui des produits céréaliers, notamment le pain.
Le ministre du Commerce a indiqué que toutes les parties doivent s’engager dans le combat contre le phénomène du gaspillage alimentaire qui provoque annuellement des pertes excédant 570 millions de dinars tunisiens (MDT), payés par le gouvernement et les citoyens à cause des mauvaises habitudes alimentaires.
Il a ajouté que plusieurs indicateurs de la situation de la santé affirment l’expansion de mauvaises habitudes alimentaires, ce qui nécessite mettre un plan d’action national pour combattre le gaspillage sous toutes ces formes, avec l’engagement de tous les partenaires afin de réduire le coût du gaspillage alimentaire et rationaliser la consommation des aliments.
Les produits céréaliers sont d’une grande importance pour la sécurité alimentaire nationale et pour la balance commerciale du pays. En 2017, une étude réalisée conjointement par la FAO, le ministère de l’Agriculture et les Ressources hydrauliques et l’INC a estimé le gaspillage alimentaire – au niveau des restaurants universitaires, où une moyenne de 6% des plats sont jetés. Les étudiants gaspillent en moyenne 93% du pain et 70% déclarent consommer plus que leurs besoins. Les taux de pertes post-récolte des céréales varient en moyenne de 3,6% dans la région de Bizerte à 5,4% au niveau de Siliana. Pour la chaîne de valeur lait, les taux de perte sont en moyenne de 9% à Bizerte et 6,5% à Mahdia.
Pour remédier à ces pertes et gaspillage, la FAO et ses partenaires ont élaboré des plans d’actions selon une démarche participative. Le projet lancé en 2016 a entamé en 2018 une deuxième phase portant sur le renforcement des capacités des gestionnaires de restaurants universitaires, des boulangers et des enseignants d’écoles et sur la sensibilisation des élèves et des femmes, notamment les femmes rurales.
Cette conférence ayant réuni plus de 120 participants, dont des participants d’autres pays de la région, a permis un échange d’expériences et un débat riche sur les voies et moyens à mettre en place pour réduire le gaspillage alimentaire. Elle a débouché sur plusieurs recommandations portant sur des pistes d’amélioration, dont les principales sont l’importance de la communication et la sensibilisation pour passer à un comportement responsable à l’égard du gaspillage, une législation adéquate pour encourager les différents partenaires à prendre des mesure concrètes contre le gaspillage, l’amélioration des circuits de distribution, le renforcement des capacités pour réduire le gaspillage alimentaire (surtout parmi les responsables des restaurants universitaires et des boulangeries), et le développement des compétences des structures en charge de la réduction du gaspillage alimentaire.
L’établissement d’une journée anti-gaspillage était aussi l’une des recommandations du directeur général de l’INC Tarek Ben Jazia, espérant la célébrer pour la première fois en 2019, avant le mois de Ramadan.
Source : communiqué.
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