Les révélations de l’Instance nationale de lutte contre la traite des personnes (INLCTP) sur la situation des 42 enfants qui étaient inscrits au centre coranique de Regueb sont choquantes : battus, privés de nourriture, abusés, exploités…
C’est ce qu’a annoncé l’INLCTP aujourd’hui, mardi 5 février 2019, lors de la conférence de presse sur les conditions insupportables de ces mineurs originaires de Sfax, Sidi Bouzid, Mahdia, Sousse, Kairouan, Gabès, Gafsa et Ben Arous, et qui ont été abandonnés par leurs parents dans ce centre géré par des radicaux religieux.
Raoudha Laabidi, présidente de l’INLCTP, se dit choquée du soutien qu’apportent les parents au propriétaire du centre, Farouk Zribi, qui vivait dans le luxe et le confort, alors que leurs enfants vivaient dans le dénuement total.
Ils étaient forcés à manger des aliments périmés, parfois avec des vers de terre, sinon à même le sol. Ils devaient se lever seuls à l’aube pour la prière du fajr, sinon ils sont réveillés par des coups de fouets. Ils étaient également forcés à effectuer des travaux agricoles pour le compte de « Cheikh Farouk »…«Il faut s’endurcir», leur expliquait ce dernier, qui vivait confortablement dans une maison avec piscine, internet, télévision, etc., dont étaient privés les pensionnaires.
Certains des élèves refusent de serrer la main des femmes, de les regarder dans les yeux ou même de dire le nom de leur mère… car, selon ce qu’on leur a appris, la femme est «aoura» (un être impur)…
L’INLCTP assure que les mineurs étaient coupés du monde et ne pouvaient pas regarder la télé. On ne leur enseignait pas les langues, ni les mathématiques, ni les sciences.
A cause de leurs conditions difficiles d’hébergement, d’hygiène et d’alimentation, certains de ces enfants souffrent de plusieurs maladies: «Sur 5 enfants ayant subi un test anal, 2 ont été abusés sexuellement. Les 3 autres pourraient avoir été attouchés», ajoute Mme Laabidi
Depuis la fermeture du centre, jeudi dernier, les 42 pensionnaires enfants ont été placés dans un centre spécifique à Hammam-Lif, où ils sont encadrés et suivis par des pédopsychiatres. Le propriétaire du centre a été écroué et son dossier confié au pôle antiterroriste. Quant aux deux suspects ayant abusé 2 enfants, ils ont aussi été placés en détention.
Les enquêteurs n’écartent pas la possibilité d’autres révélations tout aussi choquantes, car les enfants, jusque-là très renfermés sur eux-mêmes et peu loquaces, se mettent peu à peu à parler.
Y. N.
Regueb : Plainte contre «Cheikh Farouk» pour envoi de jeunes au jihad
Centre coranique de Regueb : Un salafiste en détention pour abus sexuel
Donnez votre avis