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La Marsa : Les mosaïques de Najiba Maamar à Galerie Fenyedi

‘‘La mosaïque autrement’’ est le titre d’une exposition de tableaux de mosaïque de la mosaïste Najiba Maamar, aujourd’hui, dimanche 24 mars 2019, et se poursuivra jusqu’au 31 de ce moins, à la Galerie Fenyedi, au 54 av. Habib Bourguiba, à La Marsa Corniche.

«Le bonheur n’est pas un gros diamant, c’est une mosaïque de petites pierres harmonieusement rangées», écrivait Alphonse Karr, exprimant une reconnaissance méritée à cet art millénaire dont les musées tunisiens possèdent l’une des plus riches collections au monde.

C’est ce cet héritage ancien que s’inspire Najiba Maamar pour faire de la mosaïque un objet artistique et non seulement de décoration. Un défi créatif qu’elle relève d’ailleurs avec maestria dans cette exposition dont le vernissage est prévu cet après-midi à 6 heures.

La mosaïque à l’épreuve de l’art moderne. 

Dépassant la dimension artisanale traditionnellement dévolue à la mosaïque, l’artiste n’a cessé expérimenter les techniques et les matériaux. Par le jeu des formes, des couleurs et de la lumière, elle se laisse porter par les proportions infinies que lui offre cette discipline de rigueur mais aussi d’imagination.

L’histoire de Najiba Maamer avec la mosaïque est faite de douleur, de défi, de combat et de joie. Et c’est une histoire édifiante, qui donne envie de vivre et de créer, encore et toujours.

Contre le cancer et la mort, l’art et la création

Mère de deux filles, Najiba, qui semble porter ses 65 ans avec une légèreté d’enfant, commence le travail de la mosaïque il y a un peu plus d’une dizaine d’années. C’est pour elle avant tout un art-thérapie qu’elle a décidé de maîtriser pour combattre son cancer diagnostiqué en 2006. Initiée par sa sœur céramiste, elle commence tout d’abord par travailler avec des galets. Elle s’amuse alors à l’assemblage en aiguisant son sens du travail des formes et des couleurs. Mais alors qu’elle même entamait sa rémission, sa sœur est alors frappée d’un cancer fulgurant qui l’emporte en quelques mois.

C’est face au deuil et à la douleur physique laissée par la maladie, que Najiba décide de s’accrocher à la vie en travaillant les pierres. Pudiquement, elle raconte qu’elle a alors décidé de se lancer dans le travail de la mosaïque le plus ardue : la micro-mosaïque. Une manière de se prouver que son corps n’aura pas raison de son esprit ! La découpe des pierres devient alors son exercice quotidien. Elle choisit en plus de se mettre à la méthode indirecte, qui consiste à travailler à l’envers. Impossible de voir le résultat de son œuvre avant d’avoir figé ces petites pierres avec de la résine, laissé sécher et enfin retourner le tout et se laisser surprendre par le résultat. Ces assemblages accomplis à l’aveugle ont permis à son esprit de se libérer. Très joliment, elle avoue que durant ses moments de pure création : «Tout se passait dans ma tête. Comme une anesthésie, j’étais autre chose qu’un corps. Je n’étais plus qu’esprit».

Najiba réinvente aujourd’hui la mosaïque tunisienne

Forte de ses succès, Najiba se lance dans la reproduction en mosaïque des tableaux de Gorji, Picasso et Matisse. La subtilité des détails l’obsède et aiguise sa créativité. Aujourd’hui, elle réalise des grandes fresques. Autodidacte, elle ne cesse d’innover. Et ce n’est pas peu fière, qu’elle aime raconter comment chaque fresque lui donne l’occasion d’inventer de nouvelles techniques de travail.

Aujourd’hui, Najiba se lance un nouveau défi : celui de la transmission. Son rêve ? «Faire revivre cet art afin qu’il devienne une matière dans les écoles». Car l’artiste, toujours décrite avec une tendre douceur par ses deux filles, pense avant tout à offrir son expérience d’art-thérapie aux enfants. Si elle a commencé avec l’école Robert Desnos, elle élargit son expérience aux quartiers populaires. Elle a eu la chance de rencontrer une directrice d’école exemplaire, qui lui a donné l’opportunité de réaliser son rêve au sein de l’école primaire Al Bassatine, située dans le quartier populaire Mnihla. Bénévolement, Najiba avec les enfants ont réalisé une fresque murale qu’ils ont accroché sur le mur de la cour d’école. «Encore une belle surprise de la vie», s’enthousiasme-t-elle. «J’ai découvert des enfants passionnés et absolument investis dans le travail. Quel contraste avec ce que l’on peut raconter sur eux !» Sans aucun doute, Najiba Maamer, qui a baigné dans

l’ambiance des mosaïques du Bardo durant son enfance, réinvente aujourd’hui la mosaïque tunisienne.

Des tableaux qui racontent son parcours de vie, «mais joyeux», dit-elle en éclatant de rire ! Amoureuse de la vie, généreuse à souhait, Najiba offrira une partie des bénéfices de son exposition à l’association pour la lutte contre le cancer.

I. B. (avec communiqué)

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