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30e sommet arabe de Tunis : El-Béchir préfère se décommander

Le chef de l’Etat soudanais Omar El-Béchir ne présidera pas la délégation de son pays au 30e sommet de la Ligue des Etats arabes (LEA) du 31 mars 2019, à Tunis, choisissant ainsi de ne pas prendre le risque d’être arrêté…

C’est ce qu’a annoncé hier, jeudi 28 mars 2019, le ministre soudanais des Affaires étrangères Mohamed Ahmed El-Dirdeiry, en réaction à l’appel lancé par Human Rights Watch au gouvernement tunisien l’invitant à «démontrer son engagement envers la justice internationale en interdisant au président El-Béchir de pénétrer sur son territoire ou bien en l’arrêtant s’il posait le pied dans le pays.»

Ainsi, ce sera le premier vice-président soudanais Awad Ibn Ouf qui prendra la tête de la délégation soudanaise au sommet annuel de la Ligue arabe de Tunis, le premier qui se tiendra dans notre pays depuis la chute du régime de Zine El-Abidine Ben Ali.

Pour rappel, en juillet 2011, la Tunisie a signé et ratifié le statut de Rome de la Cour pénale internationale (CPI), ce qui signifie que notre pays se trouve dans l’obligation de se conformer aux verdicts de cette institution internationale. Par conséquent, le déplacement d’El-Béchir dans notre pays représente un premier test pour l’engagement de la Tunisie à respecter les termes de la loi internationale…

L’an dernier, la CPI avait conclu que la Jordanie – elle aussi membre – avait défié ses obligations internationales en refusant d’arrêter El-Béchir, qui avait participé au précédent sommet arabe qui s’était tenu à Amman. Cette violation jordanienne a été signalée au Conseil de sécurité des Nations unies «pour décider d’autres actions»…

En dépit du fait qu’il soit recherché depuis 2009, Omar El-Béchir a très souvent voyagé à travers le monde. Le nombre de ses déplacements hors des frontières de son pays a atteint le record de 27 en 2015, suivi par 24 en 2017 et 23 en 2016. Pas mal pour un chef d’Etat recherché par la justice mondiale !

Généralement, il s’est rendu dans des pays qui ne sont pas entièrement signataires du Statut de Rome – l’Arabie saoudite, l’Ethiopie et le Qatar, par exemple. Il a également visité l’Afrique du sud et l’Ouganda, pays qui ont ratifié cette convention internationale.

Qu’El-Béchir ait décidé de faire l’impasse sur le 30e sommet de la Ligue arabe de Tunis laisserait croire que la Tunisie l’a discrètement convaincu de ne pas la mettre dans l’embarras en faisant le déplacement à Tunis…

Marwan Chahla

HRW demande à la Tunisie d’arrêter le président soudanais El-Béchir

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