Selon le dernier sondage d’opinion réalisé en avril 2019 par le cabinet Emrhod Consulting, le chef du gouvernement Youssef Chahed reste en tête des personnalités les mieux placées pour les prochaines présidentielles, mais il doit faire face à la montée des populistes.
A la question «Si les élections présidentielles seraient pour demain, pour qui voteriez-vous ?», M. Chahed reste en tête avec 14,6% des suffrages contre 13,7% en février dernier, soit une hausse de 0,9%.
Ce taux est certes faible, mais il s’explique par le fait qu’une grande partie des Tunisiens (un électeur sur deux) hésite encore, préfère ne pas se prononcer ou ne trouve pas de candidat à la hauteur de ses aspirations : 56% en avril 2019 contre 55% en février 2019.
Le point saillant de dernier sondage Emrhod concerne la montée des candidats que l’on peut qualifier de «populistes», comme le spécialiste de droit constitutionnel Kais Saied, qui pointe à la seconde place, à 13,3% d’intentions de vote, soit à seulement 1, 3% du chef du gouvernement, et Abir Moussi à la troisième place avec 5,7%, contre 4,6% il y a deux mois.
Autre point saillant de ce sondage, la perte de vitesse des personnalités politiques traditionnelles, hyper-médiatisées et/ou adossées à des partis plus ou moins importants.
C’est le cas de l’ancien président par intérim et leader du Harak Tounes Al-Irada, Moncef Marzouki vient à la 4e place avec 2,7% d’intentions de vote, contre 5,2% en février dernier, soit une perte de 2,5% en deux mois.
C’est le cas aussi du président du parti islamiste Ennahdha Rached Ghannouchi, qui remonte à la 5e place, mais avec un score trop faible de 0,8%, contre 1,1% en février 2019, soit une perte de 0,3%, ex-aequo avec la député du Courant démocratique Samia Abbou : 0,8%, contre 2,4% en février, soit une perte de 1,6% en deux mois. Elle a trouvé plus populiste qu’elle. Parions qu’elle fera monter le son au cours des prochaines moins pour être plus audible que Kais Saied et Abir Moussi.
Le plus surprenant dans le dernier sondage Emrhod c’est la 5e place du président de la république Beji Caid Essebsi et son très faible score : 0,5% d’intentions de vote, contre 4,8%, il y a deux mois, en une perte sèche de 4,3%. Parions qu’il disparaîtra bientôt de tous les radars, à l’instar de son parti, Nidaa Tounes.
Les autres personnalités apparaissant encore sur les radars (mais pour combien de temps encore ?) sont le journaliste Safi Saïd (0,5% en avril 2019, contre 2,3% il y a deux mois), l’ancien chef du gouvernement provisoire et président du parti Al Badil Ettounsi Mehdi Jomaa (0,4%, contre 0,2%), le président d’honneur du Courant démocratique Mohamed Abbou (0,3%, contre 1,3%), le porte-parole du Front populaire Hamma Hammami (0,3%, contre 1,3%), et autres Mohsen Marzouk, secrétaire général de Machrou Tounes (0,2%, contre 0,5%).
De là à dire que l’électorat tunisien, sceptique et surtout versatile, risque de succomber, comme beaucoup d’autres électorats à travers le monde, dans le populisme, il y a un pas que beaucoup d’analystes pourraient faire.
Le risque existe et ce dernier sondage d’Emrhod doit être perçu comme une sonnette d’alarme.
Imed Bahri
Sondage : La chute se poursuit pour Caïd Essebsi et Nidaa Tounes
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