Ennahdha a organisé hier, vendredi 26 avril 2019, une réunion d’urgence, suite à la fermeture par la force publique, avant-hier, de Nessma TV, la chaîne de Nabil Karoui. A l’issue de cette réunion, le parti islamistes’est fendu d’un communiqué où il appelle la Haute autorité indépendante de la communication audiovisuelle (Haica) à revenir sur sa décision.
Tout en assurant que le parti s’oppose à toute forme d’atteinte à la liberté de la presse, Ennahdha a appelé la Haica à la neutralité (laissant entendre que l’instance ne l’est pas), et à trouver une solution avec Nessma, en se basant sur le dialogue et en évitant les solutions radicales, telles la coupure de la diffusion de la chaîne.
Le parti de Rached Ghannouchi rappelle son soutien aux institutions médiatiques, y compris Nessma, et exprime sa totale solidarité avec les journalistes et les employés de la chaîne
D’autre part, Ennahdha se dit surprise par les positions prises par les structures «dont la tâche principale est de défendre la liberté d’expression, les journalistes et leurs institutions», en référence au Syndicat national des journalistes tunisiens (SNJT), qui a assuré que Nabil Karoui est le seul responsable de la fermeture de sa chaîne.
Dans ce même communiqué, Ennahdha souligne son attachement à la neutralité de l’État et des médias publics, qui ne doivent pas être exploités à des fins politiques, faisant ainsi l’écho aux déclarations de Nabil Karoui, assurant que la fermeture de sa chaîne est une décision politique prise à l’instigation du gouvernement Chahed…
Ennahdha pèche ici par omission. Il fait semblant de ne pas savoir que la Haica a épuisé, depuis 2014, tous les moyens avec M. Karoui, qui refuse de respecter les lois du pays et rejette le cahier des charges relatif au secteur audiovisuel, signé par ses collègues patrons de médias audiovisuels.
Le parti islamiste est d’ailleurs lui-même un hors-la-loi, puisqu’un membre de son bureau politique dirige une autre chaîne pirate, Zitouna TV, non autorisée et qui refuse de se soumettre à l’exigence de révéler son actionnariat et ses sources financements.
Jusqu’à quand ce parti, qui a la majorité à l’Assemblée et qui siège au gouvernement depuis janvier 2012 sans interruption, va-t-il continuer à saboter l’Etat et à encourager les corrompus, les contrebandiers et les hors-la-loi, comme il le fait aujourd’hui, avec Nabil Karoui, un évadé fiscal notoire, soupçonné de blanchiment d’argent, grâce à des sociétés écrans basés à l’étranger, et qui est poursuivi dans plusieurs affaires judiciaires ?
Y. N.
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