«J’avais, en face de moi, un lutteur, un politique, un homme d’Etat, et un visionnaire, dont l’envergure dépasse les dimensions de son pays», disait le général De Gaulle d’Habib Bourguiba, le père de la Tunisie moderne. On a du mal à imaginer ce que serait aujourd’hui la Tunisie, si Salah Ben Youssef avait réussi à faire tuer Bourguiba comme il en avait nourri le projet.
Par Rachid Barnat
Habib Bourguiba et Salah Ben Youssef étaient deux leaders du Néo-Destour, dont la stratégie pour libérer la Tunisie a divergé ! Leur vision de l’indépendance a divergé quand Ben Youssef préconisait une libération immédiate et totale de tout le territoire tunisien, par la force grâce à «Jaich el-arab» (armée arabe) que lui proposait Gamel Abdel Nasser; autrement dit avec une armée de mercenaires à la solde d’un étranger dont il deviendra nécessairement le vassal. Alors que Bourguiba, en procédant par étape selon sa fameuse politique dite «siésit el marahel», privilégiait la diplomatie à la force, ne comptant que sur les Tunisiens pour libérer leur pays en jouant la carte politique internationale, Onu comprise.
Le nationaliste tunisien et le pan-arabiste nassérien
Quand Bourguiba a négocié et pu obtenir de la France l’autonomie interne, Salah Ben Youssef en profitera pour se repositionner en leader voyant que le poste lui échappait. Il va dénoncer cet accord et accuser Bourguiba de traîtrise ! Il s’est rapproché alors des pan-arabistes et de leur chef, le raïs Gamel Abdel Nasser. Sur le conseil de ce dernier, Ben Youssef devait faire tuer Bourguiba, pour traîtrise à la «cause arabe»; ce qu’il s’apprêtait à faire pour éliminer un rival et soigner son ego !
Le traître dans cette affaire, c’est donc bien Salah Ben Youssef qui a trahi les Destouriens en s’alliant aux pan-arabistes dont l’idéologie est antinomique du nationalisme qui anime les Destouriens; tout comme ceux d’aujourd’hui qui se sont alliés aux pan-islamistes, ennemis jurés des Destouriens!
L’Histoire a donné raison à Bourguiba contre Ben Youssef
En fin de compte, l’Histoire a donné raison au stratège Bourguiba ! Cet homme visionnaire a su construire une nation nouvelle respectée parmi les nations, moderniser son pays et faire des Tunisiens ce peuple évolué que beaucoup de peuples arabes envient. Il a sorti la Tunisie de son état de colonisable en développant et en imposant l’instruction du peuple. Ceux-là mêmes adeptes du pan-arabisme et du pan-islamisme, et qui lui vouent de la haine parce qu’il a toujours combattu leurs idéologies vouant les tunisiens à être à nouveau colonisés, ceux-là lui doivent, eux aussi, leur instruction et d’avoir pu accéder au savoir !
Mais l’ingratitude des hommehttps://latroisiemerepubliquetunisienne.blogspot.com/2014/01/la-langue-arabe-avenir-de-lhomme.htmls…
On a du mal à imaginer ce que serait la Tunisie si Ben Youssef avait réussi son coup. On aurait devancé certainement l’Algérie dans sa régression, depuis qu’elle s’est empêtrée dans l’arabisme et son pendant l’islamisme que le FLN cautionne s’il n’adoptait pas officieusement ; et qui font beaucoup de dégâts chez nos voisins de l’ouest!
Le plus étonnant c’est que cette lubie qu’est le pan-arabisme a totalement échoué; et il se trouve, malgré cela, des nostalgiques qui voudraient réécrire l’histoire. Puisque les pan-arabistes vouent encore un culte à leur rais Gamel Abdel Nasser et veulent faire de Salah Ben Youssef un martyr du pan-arabisme !
La justice mascarade, qui est en train de juger les morts, va-t-elle faire état de cette trahison de Salah Ben Youssef avec le concours d’un pays étranger et par la force de mercenaires à la solde de l’Egypte ou va-t-elle laisser cela dans l’ombre en se discréditant un peu plus ?
Car lorsqu’on accepte de prendre les armes avec le concours de pays étranger contre son propre pays ce n’est plus du militantisme et ce n’est plus de la liberté de penser autrement; c’est de la trahison ! Et un pays ne peut pas accepter les traîtres.
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