L’appartenance à la famille démocratique et progressiste et sa volonté de rassembler ses différents courants étaient le fil conducteur de la démarche politique de Youssef Chahed depuis son entrée sur la scène politique après la révolution de janvier 2011.
Par Abdelmajid Mselmi *
Après avoir rejoint le Parti démocratique progressiste (PDP), pendant l’été 2011, une formation et centriste, Chahed et ses camarades ont participé aux élections de l’Assemblée nationale constituante du 23 octobre 2011, sous la bannière du Pôle démocratique et progressiste (Al-Qotb) fondé par feu Ahmed Ibrahim. L’objectif était de rassembler le maximum de forces lors de ces élections pour faire face à la forte montée des islamistes. Les résultats catastrophiques de ces élections ont bien montré le bien-fondé de l’initiative d’Ahmed Ibrahim.
Malgré cet échec électoral, ce souci de rassemblement des forces démocratiques est resté toujours vif chez Chahed. C’est pour cela qu’après cette débâcle électorale des forces démocratiques, il était parmi les premiers à répondre présent à l’appel d’Ahmed Néjib Chebbi pour fonder un grand parti démocratique et centriste. L’objectif de ce projet politique était de fusionner les partis les courants et les personnalités démocratiques dans un seul parti capable de faire l’équilibre politique avec Ennahdha, de rassembler l’opposition face à la «troïka», la coalition gouvernementale dominée par Ennahdha, et de gagner les élections prévues un an après. Le parti Al-Joumhouri a ainsi été fondé en avril 2012.
Chahed est rapidement devenu l’un de ses dirigeants notoires à côté d’Ahmed Nejib Chebbi et de Maya Jribi, sa secrétaire générale.
Pendant l’été 2012 et face à la fureur des milices pro-islamistes, à la montée du terrorisme et à la dictature que voulait instaurer la «troïka», Youssef Chahed était parmi les dirigeants d’Al-Joumhouri qui ont appelé à fonder une coalition des forces démocratiques, dans le but de faire face à la situation catastrophique dans le pays, croulant sous une chape de plomb.
Malgré la réticence des uns et des autres, l’Union pour la Tunisie est né le 27 janvier 2013 rassemblant Nidaa Tounes (Béji Caid Essebsi) Al-Joumhouri (Maya Jribi) El-Massar (Ahmed Ibrahim) et d’autres courants et personnalités démocratiques (Mohamed Kilani, Abderrazek Hammami…)..Quelques jours après, Chokri Belaid était assassiné démontrant clairement la nécessité historique d’une telle coalition démocratique.
En plein sit-in du Bardo pendant l’été 2013 suite à l’assassinat de Mohamed Brahmi, et en réaction à la crise qui a secoué le parti Al-Joumhouri, Youssef Chahed a rejoint, avec une centaine d’autres cadres, le parti Nidaa Tounes de Béji Caid Essebsi. Il fera partie des dirigeants qui ont conduit ce parti et toute la famille démocratique à la victoire dans les élections présidentielles et législatives de 2014. Nidaa Tounes a réalisé une performance historique qui restera dans les annales de la politique tunisienne : vaincre les islamistes par les urnes. Et sa décadence actuelle de ce parie ne diminue en rien son mérite.
Les concurrents de Youssef Chahed dans la présidentielle anticipée de dimanche prochain, 15 septembre 2019, et qui se réclament de la famille démocratique et progressiste, n’ont pas une aussi riche expérience politique et un ancrage aussi profond dans les valeurs progressistes et démocratiques.
Abdelkarim Zbidi n’a jamais intégré un parti politique constituant une école et un vivier des cadres politiques. C’est son choix. Au contraire, il a souvent dénigré l’appartenance et le combat politiques. Signe de l’apolitisme de cet homme, au cœur du combat que menaient les forces démocratiques contre la «troïka», M. Zbidi était ministre de la Défense de cette «troïka».
C’était, souvenons-nous, une période noire de l’histoire de la Tunisie : assassinats politiques, émergence des milices fascistes et montée du terrorisme et de la violence politique.
Par ailleurs, on ne connaît pas de positions claires de M. Zbidi sur les sujets cruciaux qui ont secoué le pays depuis la révolution : l’élaboration de la constitution, le sit-in du Bardo qui a revendiqué la démission du gouvernement de la «troïka», le dialogue national et d’autres combats démocratiques qu’a connu notre pays au cours des neuf dernières années.
Mehdi Jomaa, un autre concurrent de Youssef Chahed, a été recruté en 2012 par Ali Arayedh, le chef de gouvernement provisoire issu du parti islamiste, qui l’a chargé de ministère de l’Industrie dans le second gouvernement de la «troïka». Il n’est un secret pour personne qu’il a été proposé par Ennahdha pour être désigné successeur de Larayedh, à la tête d’un cabinet de technocrates. Il faut reconnaître qu’il a eu le mérite de fonder un parti démocratique, Al-Badil Ettounsi, qui a une ligne démocratique et libérale.
Youssef Chahed se présente ainsi comme la personnalité qui incarne le mieux les valeurs démocratiques et progressistes et qui a toujours veillé et bataillé pour le rassemblement des forces incarnant ces valeurs. Grâce à son jeune âge et son expérience de chef de gouvernement, poste qu’il occupe depuis trois ans, il se place comme le meilleur candidat de cette famille politique.
C’est aux électeurs de faire le bon choix, d’éviter l’effritement des voix et se rassembler autour de cet homme respectueux de l’Etat de droit et attaché aux libertés chèrement acquises afin de contrecarrer les candidats populistes et/ou islamistes.
* Membre de Tahya Tounes.
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