Dans son entretien, ce vendredi 20 septembre 2019, avec Mosaïque FM, Youssef Chahed, chef du gouvernement et président du parti Tahya Tounes, a répondu a des questions relatives, notamment, à Hafedh Caïd Essebsi, Kais Saied, Abdelkarim Zbidi, Mehdi Jomaa, Nessma TV, sa vision de son avenir et de celui de Tahya Tounes.
Concernant Hafedh Caid Essebsi, le seul différend, dit Chahed, réside dans le fait que le fils du président défunt doit cesser de se mêler des affaires du gouvernement et qu’il a prévenu de ses ingérences le président Caid Essebsi, en ajoutant qu’il était obligé de rendre cette affaire publique, car il devait préserver la stabilité du gouvernement dont il avait la charge et stabilité dans le pays en général.
A propos de Kais Saied, Chahed a déclaré qu’il connait peu ce personnage visiblement respectable, ajoutant qu’il a des réserves sur certains de ses partisans, dont les positions sont un tant soit peu anarchistes, notamment en ce qui concerne les relations de la Tunisie avec ses partenaires et ses bailleurs fonds étrangers. Il n’est pas question de rompre avec la France, l’Union européenne ou le FMI et la Banque mondiale, car cela poserait un problème pour les finances publiques, et notamment pour le paiement des retraites et des salaires au cours de l’année prochaine.
Une réunion du parti Tahya Tounes se tiendra la semaine prochaine pour statuer sur le candidat que le parti va soutenir au second tour des élections présidentielles anticipées.
Face aux zones d’ombres qui persistent au sujet de l’affaire de Nessma TV, Chahed explique que la décision de la Haica de confisquer le matériel de cette chaîne a été transmise au ministère de l’Intérieur, pour son application par la force publique, mais qu’aucune décision similaire n’a été transmise au même département concernant la chaîne de télévision Zitouna, émettant elle aussi illégalement. Ces décisions sont du ressort de la Haica et non du chef du gouvernement, a-t-il tenu à rappeler.
A propos de son comportement vis-à-vis de ses alliés et de ses partisans, il a été reproché à Chahed de ne pas écouter les conseils, et de s’accrocher à son poste par tous les moyens, en s’isolant à la Kasbah, loin des réalités du pays.
En réponse à cette critique, Chahed a admis avoir commis des erreurs, tout en soulignant que les responsabilités sont énormes et les pressions très fortes subies ne lui ont pas facilité la tâche, ajoutant avoir travaillé de nuit comme de jour pour ce qu’il croit être bon pour le pays, notamment dans la lutte contre la corruption où il s’est retrouvé seul et même entravé dans ses efforts par ceux-là même qui étaient censés lui garantir une ceinture politique, par allusion à son ancien parti, Nidaa Tounes.
Au cas où, après les législatives, il s’avère impossible de constituer un gouvernement majoritaire et qu’il sera obligé de continuer à gérer les affaires courantes du pays, M. Chahed s’est déclaré disposé à assumer cette responsabilité, tout en affirmant qu’il a espoir qu’on arrivera à éviter cette situation.
Il a, dans ce contexte, appelé Abdelkarim Zbidi et Mehdi Jomaaà se joindre à lui et à se mettre autour de la table, avec les autres dirigeants des forces démocratiques, pour s’entendre sur un plan de sauvetage du pays, et ce avant les élections législatives, prévues le 6 octobre prochain.
Pour terminer, Chahed voit son avenir avec sérénité quelle que soit la situation qui va découler des élections législatives, en raison de son jeune âge (44 ans), l’expérience acquise et surtout son ambition pour le pays qu’il continuera à servir, même en tant que simple citoyen.
Tout en rappelant que le chef du gouvernement ne jouit d’aucune immunité, Chahed a ajouté qu’il ne craint pas l’issue des nombreuses plaintes déposées à son encontre. Il se dit disposé à comparaître en justice comme tout citoyen tunisien, car il estime n’avoir rien à se reprocher.
Amina Mkada
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