Tout en dénonçant les attaques dont font l’objet certains médias, Neji Bghouri, président du Syndicat national des journalistes tunisiens (SNJT), estime qu’il est important de faire son autocritique : «Les médias ont le droit de choisir leur ligne éditoriale, cependant ils ne doivent pas mener de campagnes de dénigrement et de lynchage», a-il dit.
Invité aujourd’hui, mercredi 16 octobre 2019, sur Mosaïque FM, Neji Bghouri est revenu sur la couverture médiatique de la période électorale, estimant qu’on peut être fier en tant que Tunisien de l’apport des 1.800 journalistes professionnels, qui ont contribué à la réussite des élections. «Ils ont même joué le rôle d’observateurs», a-t-il ajouté.
«Dans le cadre du respect de l’éthique du métier et dans le but de trouver des solutions constructives, je dois apporter une critique juste. Il y a une part de légitimité dans la colère qu’éprouvent certains téléspectateurs contre certains médias», a-t-il dit, en ajoutant : «Le choix de la ligne éditoriale des médias privés pourrait être vu comme une diversité dans le paysage médiatique et ils doivent être clairs à ce propos. Cependant certains plateaux ont été mis en place pour mener des campagnes de dénigrement et de lynchage contre des candidats».
Pour le président du SNJT, il y a eu des propagandes en faveur de certains candidats : «Attessia TV a travaillé en faveur de Youssef Chahed, Zitouna TV pour Ennahdha, et Nessma et El-Hiwar Ettounsi pour Nabil Karoui», a-t-il assuré, tout en déplorant les dérapages enregistrés, allant jusqu’à porter atteinte «à des individus, aux droits de l’Homme en général et à la femme en particulier».
«Nous sommes contre ces campagnes de dénigrement et de lynchage. L’éthique du métier est le garant de la protection de la liberté d’expression», a insisté M. Bghouri, tout en appelant à l’apaisement.
«Ce serait dommage de voir cet espoir naissant s’évaporer à cause de dérapages commis par certains chroniqueurs qui se sont transformés en agents de propagande et ont tenu des propos violents et dénigrants. La liberté d’expression est une responsabilité, c’est la responsabilité de tous et nous devons la préserver», a ajouté le président du Syndicat, tout en dénonçant, d’autre part, et très fermement, les violences et les attaques menées contre des journalistes.
Revenant sur l’agression de journalistes, attribuée à des partisans du futur président de la république, le 2e démocratiquement élu, Kaïs Saïed, Néji Bghouri a appelé ce dernier à s’exprimer et à être plus accessible pour les médias : «M. Saïed, exprimez vous, faites savoir qui vous êtes, les journalistes se plaignent de ne pas avoir les moyens de prendre contact avec vous, ou même avec des personnes qui vous représentent. Je vous demande de ne pas décevoir tous ces jeunes, redevenus optimistes et pleins d’espoir en voyant de nouveaux horizons s’ouvrir. Je vous demande de ne pas être l’otage de parties extrémistes et de ne pas décevoir les Tunisiens».
Yüsra Nemlaghi
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