La scène politique tunisienne est pleine de paradoxes : alors que le député Seifeddine Makhlouf dénonce la corruption qui gangrène l’Union générale tunisienne du travail (UGTT) et l’hégémonie qu’elle tente d’imposer dans le pays, c’est le dirigeant de Tahya Tounes, Mustapha Ben Ahmed, qui prend la défense de la puissante organisation syndicale.
Par Imed Bahri
Cela s’est passé le 20 novembre 2019 sur le plateau de la chaîne M Tunisia.
Cette séquence a quelque chose de cocasse : le baroudeur islamiste n’y va pas par quatre chemins pour appeler un chat un chat alors que le chantre de la realpolitik se drape dans la langue de bois pour défendre l’organisation qui a causé la perte de son parti.
Le rôle de l’UGTT dans l’échec de Chahed et de Tahya Tounes
L’UGTT, rappelons-le, a empêché le chef de gouvernement Youssef Chahed, président de Tahya Tounes, de mettre en œuvre les réformes structurelles nécessaires pour la relance économique dans le pays. Elle lui a mis les bâtons dans les roues et est allée jusqu’à la grève générale dans la fonction publique à deux reprises. Pire, c’est la partie qui a le plus magouillé avec Nidaa Tounes et l’ex-président Béji Caïd Essebsi, pour essayer de faire tomber Chahed et son gouvernement en juin 2018. Et l’échec de Chahed à la présidentielle et de Tahya Tounes aux législatives doit sans doute beaucoup à Noureddine Taboubi, secrétaire général de l’UGTT, et ses compagnons. Et ne voilà-t-il pas que, pour les remercier, Mustapha Ben Ahmed, un des principaux dirigeants du parti de Chahed, se fait l’avocat de l’UGTT… Gratuitement, car rien ne l’y obligeait, sinon une sorte de «servilité», devenue une seconde nature chez certains hommes politiques.
Les postures convenues ne payent plus
Pour simple rappel, Mustapha Ben Ahmed, avec sa langue de bois, sa realpolitik et ses éléments de langage surannés, n’a pas été élu dans la circonscription de Tunis 1 aux législatives du 6 septembre dernier, circonscription dans laquelle Seifeddine Makhlouf, le baroudeur au franc-parler, s’est fait élire sans problème.
Quelle conclusion en tirer, sinon que les Tunisiens ont vomi la langue de bois et attendent des hommes politiques qu’ils évitent les postures convenues et soient plus sincères?
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