La séance plénière de l’Assemblée des représentants du peuple (ARP), tenue hier soir, 10 décembre 2019, et réservée aux articles supplémentaires du projet de loi de finances 2020, a connu le rejet la proposition d’imposer aux touristes étrangers une taxe d’entrée au territoire tunisien de 30 euros.
«La taxe doit être payée sous forme de timbre fiscal apposé sur le passeport ou tout autre document décidé par le ministre des Finances et tamponné par les services de police à l’entrée du voyageur», selon l’énoncé de l’article rejeté.
Alors que Mohamed Ammar, député du bloc démocrate (Attayar et Echaâb), favorable à cette proposition, a souligné la nécessité d’adopter une telle mesure, dans le cadre de la réciprocité en matière de visas, Hichem Ben Ahmed (Tahya Tounes) a expliqué, pour sa part, que l’adoption de l’article porterait préjudice au secteur touristique et par conséquent à l’économie tunisienne.
«Ce n’est pas cette taxe de 30 euros qui permettra de renflouer les caisses de l’Etat. Alors que la Tunisie cherche à diversifier ses ressources et promouvoir son image comme étant une destination touristique, on essaye de refouler les touristes à travers cette mesure. La Tunisie vient de passer par une période difficile, notamment, après les attaques terroristes. Cette proposition ne servira en aucun cas l’économie tunisienne», a développé l’ancien ministre du Transport, tout en proposant d’ouvrir les vols charters à bas prix afin d’exploiter davantage tous les aéroports et de stimuler les activités dans les régions de l’intérieur.
Une intervention qui a été approuvée par Ridha Chalghoum, ministre des Finances qui a rappelé que cette proposition a déjà été faite par le passé et qu’elle a été rejetée par les professionnels du secteur, ayant plutôt suggéré d’autres alternatives comme l’ajout d’un tarif de 20 dinars tunisiens (DT) aux billets d’avions ou encore l’imposition d’une taxe de 3DT sur les séjours dans les hôtels.
L’article a finalement été rejeté avec 110 voix contre, 59 voix pour et 5 abstentions.
Les élus du peuple ont, en revanche, approuvé l’article, proposé par le bloc Démocrate, disposant de prolonger la mesure imposant une taxe douanière aux produits turcs, avec 97 voix pour, 76 voix contre et 5 abstentions.
Cet article permettra d’imposer les produits turcs à hauteur de 90% sur quatre ans supplémentaire et ce à partir du 1er janvier 2018, à l’exception d’une liste bien définie. Ces tarifications douanières exceptionnelles seront, par ailleurs, levées graduellement sur les 3 années qui suivent.
Après avoir échoué à faire passer l’article proposant la création d’un fonds pour la « zakat« (l’aumône islamique), les islamistes d’Ennahdha (et de la colalition Al Karama) essuient donc un deuxième échec consécutif après la prolongation de cette mesure qui ne devrait pas plaire à leurs « copains » dans le gouvernement islamiste turc.
Rappelons que la loi de finances a été adoptée hier, pile-poil au délai constitutionnel du 10 décembre, avec 127 voix pour, 50 contre et 4 absentions.
C. B. Y.
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