Youssef Chahed, président du gouvernement de gestion des affaires courantes, a inauguré ce matin, samedi 14 décembre 2019, une avenue au nom de feu Dr. Mahmoud El Matri sur la route X2 menant à El Menzah et la Cité Ennasr à Tunis. Une reconnaissance bien tardive mais bienvenue.
Dr Mahmoud El Matri, décédé à l’âge de 75 ans, est médecin, militant nationaliste, et homme politique tunisien. Il est l’un des fondateurs du Néo-Destour dont il est le premier président. C’est au collège Sadiki qu’il rencontre pour la première fois Habib Bourguiba, plus jeune que lui de quelques années.
Le baccalauréat en poche, il s’inscrit à la fois à la faculté des sciences et à celle de médecine de Dijon. Après avoir obtenu sa licence en sciences, il s’inscrit en 4e année de médecine à Paris où il obtient son doctorat avec mention très honorable en 1926. Il est le 3e médecin tunisien musulman à être diplômé de la faculté de médecine de Paris et le 11e médecin formé dans une faculté européenne.
Durant son séjour à Dijon, El Matri écrit des articles politiques dans plusieurs journaux. À Paris, il est d’abord membre du Parti communiste français qu’il quitte rapidement pour le Parti socialiste français, et milite pour la Ligue des Droits de l’Homme et l’Etoile nord-africaine dont il est un membre fondateur. En 1924, il est retrouvé par Bourguiba et ils entament ensemble une carrière militante au sein des associations étudiantes réunissant des Tunisiens à Paris. El Matri rentre définitivement en Tunisie en 1926, à l’âge de 28 ans.
El Matri le médecin
En 1927, El Matri ouvre son propre cabinet de consultation à Bab Menara tout en continuant d’exercer son travail d’assistant bénévole à l’hôpital Sadiki. Dans les années 30, il intervient avec Dr. Conseil pour contenir la peste pneumonique qui sévissait en Tunisie. Ils décident de mettre les malades en quarantaine dans la prison civile et s’enferment avec eux pour les soigner.
C’est à l’instigation d’El Matri que le Croissant rouge tunisien (CRT) est créé en 1943 lorsque la 2e Guerre mondiale arrive en Tunisie, afin de pallier à la défection de la Croix-Rouge et assister les victimes. Il fait reconnaître le CRT par le Comité international de la Croix Rouge en 1957, alors qu’il est ministre de la Santé publique de la Tunisie indépendante.
El Matri le militant
Il est nommé ministre de l’Intérieur dans le gouvernement Chenik en 1943. Lors de la répression de mai 1952, El Matri est déporté dans l’extrême sud du pays, avec les autres nationalistes du gouvernement. Une fois l’indépendance acquise, El Matri devient ministre de la Santé publique dans le 1er gouvernement de Habib Bourguiba (HB) en 1956.
Mais en raison de nouveaux désaccords avec Bourguiba, il démissionne de son poste de ministre. Il reste député puis quitte la sphère politique mais reste journaliste et se consacre à la médecine comme 1er président de l’Ordre des médecins de Tunisie et comme pionnier de l’organisation sanitaire.
A. M.
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