Les clowns tristes de la «scène politique» tunisienne sont plus stimulants et inspirants que la cour du Roi-Soleil. Molière y aurait trouvé une abondante matière où faire son miel.
Par Chedly Mamoghli *
Comme par hasard, la «maladie» du président de la république Kaïs Saïed, annoncée hier, vendredi 7 février 2020, tombe au lendemain de la rencontre entre Elyès Fakhfakh, le chef de gouvernement désigné par ce dernier, et le couple Rached Ghannouchi-Nabil Karoui ?!!
Comme par hasard, la «maladie» du président tombe au lendemain du limogeage -le jargon diplomatique dirait rappel- de Moncef Baati, le représentant permanent de la Tunisie aux Nations Unies qui de surcroît est membre non permanent du Conseil de sécurité depuis le 1er janvier et que cela ait lieu alors que le Conseil s’apprête à discuter du plan Trump-Kushner sur la Palestine?!!
Comme par hasard, la «maladie» du président tombe à point nommé avec le Sommet de l’Union africaine, prévu les samedi 8 et le dimanche 9 février, auquel il devait prendre part?!!
Evitons les raccourcis faciles et les conclusions hâtives
Si tous ces hasards arrivent maintenant et au même moment, ce n’est plus du hasard, c’est autre chose…
Ce contexte de «hasards» et de «maladie» ne peut que favoriser les raccourcis faciles et les conclusions hâtives mais aussi les intox, fake news et autres maladies et dégénérescences de notre époque. Donc ne tombons pas dans les raccourcis faciles et les conclusions hâtives toutefois, la question qui se pose et s’impose: le président aurait-il simulé ou du moins exagéré la «maladie» pour ne pas être absent de Tunis en pleine concertations scabreuses sur la formation du gouvernement qui peuvent prendre une tournure dans un sens ou dans un autre d’une minute à l’autre?
Dans tous les cas, nous avons débuté la semaine avec ‘‘Les Fourberies de Rached’’ et nous la terminons apparemment avec ‘‘Le Malade imaginaire’’. La «scène politique» tunisienne aurait inspiré Molière plus que la cour du Roi-Soleil. Jean-Baptiste Poquelin, s’il avait vécu dans la Tunisie de 2020, aux côtés des ‘‘Fourberies de Rached’’ et du ‘‘Malade imaginaire’’, aurait écrit ‘‘Les Cocus’’, pièce consacrée aux bobos tunisiens qui présentèrent durant les dernières élections l’affairiste Bilou Karoui en héros anti-islamiste, en Jeanne d’Arc de l’anti-islamisme et en bouée de sauvetage de la Tunisie, mais à peine les élections terminées, ce dernier se jeta dans les bras de Rached, et ils découvrirent que l’imposteur n’était en réalité que le «ghoulèm» du chef islamiste. Il aurait aussi écrit d’autres pièces du même acabit.
Les clowns tristes de la «scène politique» tunisienne
Quant à Kaïs Saïed, il aurait mis à la disposition de M. Poquelin le théâtre de poche du Palais de Carthage voulu et construit par le théâtreux Bourguiba (grand spécialiste de la simulation des maladies diplomatiques devant l’Éternel qui était un vrai passionné de théâtre, il en a joué dans sa jeunesse et a mis ses talents de comédien au service de sa carrière politique par la suite à tel point que certains de ses détracteurs le surnommèrent «le Comédien suprême» en lieu et place du «Combattant suprême»). Et bien que le théâtre de poche du Palais de Carthage soit beaucoup moins épanouissant que le théâtre de Versailles, les clowns tristes de la «scène politique» tunisienne sont plus stimulants et inspirants que la cour du Roi-Soleil. Ça aurait été une source d’inspiration intarissable pour les dramaturges.
Ainsi va la partitocratie d’opérette tunisienne…
* Juriste.
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