Après l’Observatoire national pour la défense du caractère civil de l’Etat (ONDCCE), c’est au tour de la Ligue tunisienne des droits de l’Homme (LTDH) de dénoncer la mise en place du fonds de zakat (aumône islamique) par le maire islamiste du Kram, Fathi Layouni. «Cette initiative reflète un irrespect flagrant des institutions de l’Etat, d’autant que ce projet avait été rejeté par l’Assemblée des représentants du peuple», déplore la LTDH.
Dans un communiqué publié samedi 16 mai 2020, la LTDH a rappelé que la Tunisie est un État civil, tout en estimant que l’initiative de la mairie du Kram s’apparente à une «tentative d’introduire certaines bases de l’Etat religieux et de remplacer les services sociaux de l’Etat».
«Sous couvert d’action sociale, la mise en place du fonds de zakat est en réalité une orientation politique», déplore la LTDH, en appelant les autorités à intervenir pour interdire ce dépassement et mette fin à toutes les formes de rébellion contre les institutions de l’Etat.
Mardi dernier, Fathi Layouni avait annoncé une cérémonie pour le lancement de cette initiative, sous le slogan «Premier fonds de la zakat en Tunisie depuis l’indépendance», mettant ainsi en œuvre, dans sa commune, un projet de loi proposé, en décembre 2019, par le parti islamiste Ennahdha, et qui avait été rejeté par 93 députés.
Ces derniers avaient estimé que cette sorte d’impôt rappelle le « 26-26« , mis en place par l’ancien président Ben Ali et qui avait surtout été utilisé comme un instrument de propagande.
Les détracteurs de ce fonds zakat avaient également dénoncé l’appellation à connotation religieuse de ce fonds, contraire à l’article 2 de la constitution, relatif à la liberté des croyances et de culte, ainsi qu’à la notion d’Etat civil.
Y. N
Donnez votre avis