Qalb Tounes a encore frappé à la porte du gouvernement, à travers son président, Nabil Karoui, cette fois, qui a implicitement sollicité le chef du gouvernement, Elyes Fakkhfakh, en affirmant qu’il était (désormais) à ses yeux… l’homme de la situation ! Lui qui a, pourtant, toujours remis en question la pertinence de sa désignation par le président de la république, Kaïs Saïed. ِCe louvoiement ne peut qu’être intéressé de la part de cet homme aux abois…
Par Cherif Ben Younès
Karoui, a estimé aujourd’hui, mercredi 20 mai 2020, que Fakhfakh a l’occasion de sortir le pays de sa crise socio-économique, du fait de son indépendance politique et de son background économique, assurant qu’à l’heure actuelle, la Tunisie «n’a pas besoin d’une opposition», mais que son parti le deviendra «férocement» si le gouvernement venait à manquer à ses devoirs. Traduire : si le gouvernement s’obstine à le rejeter, alors que ses alliés d’Ennahdha s’échinent, pour des raisons obscures, à vouloir faire entrer Qalb Tounes au gouvernement.
Les appels du pied du patron de Nessma TV
Intervenu sur les ondes d’Express FM, Karoui, qui s’agite et s’impatiente, trahissant un état d’anxiété profonde, a également conseillé Fakhfakh de ne pas créer un bloc parlementaire – conformément à des rumeurs démenties par le concerné – et de tirer des leçons de l’expérience de Youssed Chahed, son prédécesseur à la tête du gouvernement, qui n’a pas pu, selon lui, rassembler la scène politique autour de ses projets.
«Si j’étais à la place d’Elyes Fakhfakh, je tendrais la main à tout le monde et j’essayerais d’inscrire mon nom dans l’histoire en prenant les décisions qui font mal mais qui sont nécessaires pour sauver le pays», a-t-il ajouté, en se présentant, implicitement, comme un allié voire un serviteur zélé que le chef de gouvernement gagnerait à ne pas laisser longtemps devant la porte.
Le patron de Nessma, qui est, faut-il le rappeler, poursuivi en justice dans plusieurs affaires de corruption financière, évasion fiscale et blanchiment d’argent (ceci explique cela!), a, d’autre part, indiqué qu’au cours des dernières années, de nouvelles forces politiques avaient placé des personnalités partisanes dans des entreprises publiques, estimant qu’il est nécessaire de les remplacer par des personnes ayant les capacités et les compétences adéquates pour présenter un plan clair à l’État en vue de réformer ces sociétés.
Qalb Tounes toujours disposé à collaborer
«Les finances publiques sont notre problème. Mais nous avons peur de réformer. Nous avons peur de mener un dialogue avec l’Union générale tunisienne du travail (UGTT) et de prendre les décisions qui font mal », a-t-il développé, en citant notamment la Société tunisienne de l’électricité et du gaz (Steg), la Société nationale d’exploitation et de distribution des eaux (Sonede) et Tunisair, des entreprises souffrant de déficits financiers colossaux, surtout en ce qui concerne la compagnie aérienne nationale.
Nabil Karoui a, dans le même contexte, affirmé la disposition de Qalb Tounes à collaborer avec «toute partie capable d’œuvrer pour l’intérêt du pays et des citoyens tunisiens».
Autant dire que le patron Nessma, un chaîne de télévision diffusant ses programme dans l’illégalité totale, éconduits lui et son parti à plusieurs reprises pour leur sulfureuse réputation, ne désespère d’entrer au gouvernement. Ce sera pour lui, on l’a compris, une assurance contre la reprise de ses procès. C’est du moins lui qui le pense, mais qu’en pensent, justement, le chef du gouvernement et le président de la république, Kaïs Saïed ?
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