L’annonce par l’Egypte du décès en 24 heures de 8 médecins supplémentaires, portant à 50, le nombre de médecins décédés par la Covid-19 au pays des pharaons est là pour nous rappeler le risque encouru par le personnel de santé partout dans le monde lors de cette crise, y compris, bien sûr en Tunisie.
Par Pr Faouzi Addad *
Des femmes et des hommes en blouses blanches se sont mobilisés aussi en Tunisie sans réfléchir aux conséquences graves qui auraient pu les toucher. Fort heureusement et malgré les 141 personnels de santé atteint (soit 13% du nombre total des patients positifs), il n’y a eu aucun décès.
Au départ de la pandémie, les blouses blanches ont fait leurs devoirs dans des conditions d’improvisation, parfois de panique, mais ont réussi malgré tout à s’adapter à une situation exceptionnelle.
Le système de santé tunisien s’en sorti momentanément
Le système de santé tunisien a tenu, malgré son affaiblissement depuis des années, et a montré, grâce aussi à un élan de solidarité sans précédent de la société civile et de nombreux hommes d’affaires, qu’il était encore debout, solide et capable de rapidement s’adapter toute situation même les plus exceptionnelles.
Chaque personne au sein de l’hôpital y a apporté sa contribution, cadres administratifs, agents techniques, ouvriers, aides-soignants, infirmiers, techniciens, internes, résidents et médecins seniors.
Malgré certaines tensions, la solidarité a prévalu et les consignes apportées par le ministère de la Santé et le comité scientifique ont été globalement suivies. Tout le monde a appris quelque chose durant cette crise, et avant tout sur soi-même. La seconde vague prédite n’a pas eu lieu et donc la victoire n’a pas été éclatante comme nous, personnels de santé, aurions souhaité, mais l’essentiel est là, il y a eu peu de morts par le coronarvirus (même si c’est toujours trop).
La meilleure récompense aux blouses blanches c’est la réforme des hôpitaux
Les blouses blanches ont le droit à une reconnaissance, non pas en recevant quelques-uns d’entre eux pour les féliciter (car ils ont fait leurs devoirs et ils sont très nombreux), ou en leur octroyant des «primes Covid-19» (car nous devons être solidaires avec les Tunisiens qui ont perdu leur travail), ou en recevant des cadeaux (cela créera souvent plus de frustrations que de joie) mais en réformant les hôpitaux où ils travaillent, en valorisant leur profession (comme pour les infirmiers de réanimation par exemple) et en évitant de perde encore plus de médecins qui seront amenés malgré eux à quitter le pays pour passer les concours à l’étranger.
Sur un autre plan, il n’y aura pas de 2e vague de Covid-19 car, au final, il n’y a pas eu de première vague. Indépendamment des causes, qui de toute façon sont multiples, nous sommes actuellement mieux préparés à toutes éventualités. Il est temps de se pencher sur l’avenir.
* Professeur en cardiologie.
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