Dans un parfait ordonnancement, l’armée algérienne s’est dotée d’un nouveau chef d’état major de plein exercice. L’intérimaire du général Gaïd Salah, décédé en décembre, le général Saïd Chanegriha, a été sans surprise confirmé dans le poste.
Par Hassen Zenati
Le général Said Chanegriha a été confirmé comme attendu à la tête de l’état-major de l’Armée nationale populaire (ANP) par le président Abdemadjid Tebboune, qui l’a élevé par la même occasion au grade de général de corps d’armée, le même que celui de son prédécesseur, Ahmed Gaïd Salah, décédé en décembre à son domicile d’une fulgurante crise cardiaque.
Avant d’être chargé de l’intérim du général Gaïd Salah, le général Chanegriha commandait les forces terrestres, ce qui l’habilitait à prendre sa succession à l’état-major, d’abord comme intérimaire, puis de plein exercice, selon un ordonnancement suivi depuis plusieurs années. Les promotions au sein de l’armée algérienne sont annoncées annuellement en deux circonstances : le 5 juillet, à l’occasion de la fête de «l’indépendance de la jeunesse» et le 1er novembre pour la célébration du déclenchement de la guerre d’indépendance en 1954.
«Cohérence totale» entre Abdemadjid Tebboune et l’armée
Le général Saïd Chanegriha devient le sixième officier à accéder au grade de général de corps d’armée après Mohamed Lamari, Ahmed Bousteila, Ahmed-Gaïd Salah, tous trois décédés, Mohamed Mediene, à la retraite, purgeant une peine de prison pour «complot contre l’armée», et Benali Benali, commandant de la Garde Républicaine.
Natif d’El-Kantara, près de Biskra, Saïd Chanegriha, 75 ans, est l’un des premiers bacheliers algériens à s’engager dans l’armée en 1963, un an après l’indépendance du pays. Il a fait ses classes d’officier à l’école de Saint-Cyr Coëtquidan en France, et à la prestigieuse académie militaire Vorochilov de Moscou. Il est également diplômé de l’Ecole de guerre. Se tenant à l’écart de la politique, il a hérité du poste de Ahmed Gaïd Salah à la tête de l’état-major un peu plus d’une année après avoir été nommé, en 2018, à la tête des forces terrestres, qui constituent la colonne vertébrale de l’armée algérienne.
Depuis son élection à la tête de l’état, le président Tebboune travaille en tandem sur les questions militaires avec son nouveau chef d’état-major. Dans un éditorial récent, la revue ‘‘El Djeïch’’, considérée comme le porte-parole de la haute hiérarchie militaire, s’est félicitée de la «cohérence totale» entre le nouveau président de la République et l’armée. «Depuis son élection, le président Abdelmadjid Tebboune a démontré sa totale confiance dans l’institution militaire en saluant à maintes reprises le rôle de l’ANP dans la préservation des institutions de l’Etat, ainsi que la sauvegarde du pays de toutes tentatives de déstabilisation», a écrit la revue.
«La cohérence totale entre le président et l’ANP et l’intérêt qu’accorde le premier magistrat du pays à la sécurité et à la défense nationales s’inspirent de sa totale conviction de la nécessité de moderniser nos forces armées pour qu’elles puissent mener leurs missions constitutionnelles et atteindre une disponibilité permanente pour faire face à toutes menaces possibles et relever tous les défis sécuritaires afin que notre pays en sorte victorieux», a ajouté la revue.
L’armée au service de la… démocratie
Lors de la cérémonie de remise des grades, qui s’est déroulée au Palais du Peuple, rompant ainsi avec la pratique instaurée par le président déchu Abdelaziz Bouteflika, qui l’organisait au siège du ministère de la Défense au Tagarin, le président Tebboune a «renouvelé la reconnaissance de la nation entière à l’Armée nationale populaire, héritière de l’Armée de libération nationale pour ses sacrifices constants et permanents au service de la patrie». Il a par ailleurs rendu hommage au défunt général Gaïd Salah, qualifié de «l’un des grands artisans du changement démocratique que nous vivons aujourd’hui».
L’ANP s’est par ailleurs doté d’un nouveau grade d’officier supérieur : Général d’Armée (Farik Aouel, en arabe) décerné pour la première fois au général Benali Benali, commandant de la Garde républicaine. Il devient ainsi l’officier le plus âgé dans le grade le plus élevé de l’ANP. Selon des indiscrétions rapportées par la presse algérienne, il pourrait faire valoir ses droits à la retraite en novembre prochain.
Donnez votre avis