Après s’être opposé, tout comme Ennahdha et Al-Karama, à l’examen de la motion appelant à classer l’organisation des Frères musulmans comme terroriste, Qalb Tounes est désormais plus que jamais critiqué pour sa proximité politique des islamistes. Une proximité – et même une alliance officieuse – qui ne fait plus aucun doute et que le parti de Nabil Karoui a, logiquement, du mal à assumer…
Traité de «grand traître» par la présidente du Parti destourien libre (PDL), Abir Moussi, qui est à l’origine de l’initiative, Qalb Tounes a tenté, tant bien que mal, de se défendre…
Dans un communiqué publié ce matin, mardi 7 juillet 2020, le parti de Nabil Karoui a indiqué que son rejet de ladite motion est «dû au boycottage de ce genre de motions».
Ce qui est totalement faux, car Qalb Tounes n’a pas boycotté le projet de motion présenté par ses alliés d’Al-Karama, visant à amender la loi n° 116 de l’année 2011 relative à la communication audiovisuelle, et qui vise à libérer totalement la création de médias audio-visuels et d’ouvrir ainsi le paysage audio-visuel tunisien à l’argent sale de la politique, de la contrebande et du blanchiment tout azimut.
«Face aux tiraillements politiques provoqués par plusieurs motions ayant été utilisées par les différentes parties représentées à l’Assemblée des représentants du peuple pour faire des manœuvres politiques et occuper des positions éloignées des préoccupations réelles du peuple tunisien, le parti Qalb Tounes a décidé depuis un moment de boycotter ces motions et de ne plus les voter, car elles sont devenues un élément de conflit et de division des Tunisiens et d’affaiblissement de l’État et un moyen de servir des agendas étrangers connus qui menacent la souveraineté nationale et la cohésion de la société», lit-on dans le communiqué.
Un argument qui aurait pu être plus crédible s’il avait été annoncé en amont ou si le représentant de Qalb Tounes au bureau de l’Assemblée s’était abstenu de voter.
Mais en l’occurrence, cela ressemble plus à une excuse improvisée pour contourner les critiques. Une excuse dont l’absurdité est soigneusement dissimulée par des paroles pompeuses et populistes, qui, venant de ce parti, ne sont plus surprenantes.
Notons que le parti a, également, menacé, dans le même communiqué, de faire appel à la justice contre la campagne de «diffamation et d’incitation à la haine visant ses dirigeants», dont le président, M. Karoui, patron de la chaîne Nessma, est un orfèvre en matière de campagne de diffamation contre ses adversaires politiques. Sa chaîne de télévision est d’ailleurs une machine huilée de désinformation et de propagande.
C. B. Y.
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