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Le poème du dimanche: « Ohh!… » de Sony Labou Tansi

Sony Labou Tansi est né à Kimwenza dans l’actuelle République démocratique du Congo le 5 juin ou le 5 juillet 1947 et décédé à Brazzaville, capitale de la République du Congo, le 14 juin 1995, est un poète mais aussi homme de lettres accompli car il a écrit des romans et des pièces de théâtre.

Sony Labou Tansi, de son vrai nom Marcel Ntsoni, est né de père congolais (l’actuelle RDC, République démocratique du Congo dont la capitale actuelle est Kinshasa) et d’une mère congolaise (RC, République du Congo dont la capitale actuelle est Brazzaville). Aîné de sept enfants, Marcel Sony apprend le français à l’école puis étudie à l’École normale supérieure d’Afrique centrale (ENSAC). À partir de 1971, il enseigne le français et l’anglais à Kindamba puis à Pointe-Noire.

À la publication de son premier roman, en France en 1979, il choisit pour pseudonyme Sony Labou Tansi, en hommage à Tchicaya U Tam’si, grand poète africain. Satire féroce de la politique fondée sur la torture, le meurtre et le culte de la personnalité, dénonciation de la dictature, ‘‘La Vie et demie’’ se déroule dans un pays imaginaire, la Katamalanasie. Ce roman est salué par la critique internationale, notamment française, au point que le roman fait figure d’œuvre majeure pour toute l’Afrique.

La reconnaissance internationale vient en 1973, lorsqu’il reçoit pour la première fois le premier prix du Concours de théâtre inter-africain organisé par RFI (pour ‘‘Je soussigné cardiaque’’), performance qu’il réitérera à trois reprises (notamment ‘‘La Parenthèse de sang’’ en 1975).

Il a fondé et dirigé le Rocado Zulu Théâtre à Brazzaville pour lequel il a écrit et mis en scène l’ensemble de ses pièces. Toutes les pièces de Sony Labou Tansi ont été représentées au Congo et certaines d’entre elles ont été jouées à l’étranger en France, en Allemagne, en Italie et aux États-Unis

Il a toujours vécu au Congo-Brazzaville et s’est rapproché, à la fin de sa vie, du leader Bernard Kolélas. En 1992, il est élu député de Makélékélé, ce qui le conduit à de nouvelles prises de position, selon la journaliste Sophie Joubert : «C’est d’abord en poète, voyant rimbaldien plutôt que visionnaire, puis en homme politique qu’il interpelle François Mitterrand et Jacques Chirac sur le nécessaire respect de la tradition humaniste de la France, le devoir d’ingérence, l’échec de l’aide au développement et la tolérance coupable envers les dictatures africaines.»

En 1994, Il est radié de la fonction publique et son passeport lui est retiré à la suite de son opposition politique au président Pascal Lissouba. Ayant contracté le virus du sida mais incapable d’obtenir le traitement adéquat en l’absence d’un passeport et donc d’une autorisation de sortie du pays, il décède à l’âge de 47 ans, le 14 juin 1995, quatorze jours après son épouse Pierrette, décédée de la même maladie le 31 mai 1995.

Ooh !
Où va ce petit peuple
des squelettes jaunis
ces crânes qui pensent
ces cloches de phalanges sonnantes
Ooh ! ces dents qui dansent
Ces vertèbres gratte-ciel – gratte-néant
Qui tiennent la vie par une corde de pendu –
Quel monde nouveau
Quel monde nouveau sort du vagin
Suant de la charogne –
Oh le vol vibrant d’une mouche matrone
Oh les rêves plantés la veille
Le baiser d’une source de mouches
La douce danse des asticots
Et l’horrible laideur qui se brosse les dents
La mélancolie colle
Au feu invisible du temps
Quel est ce pays qui ô mon Dieu
Tient au jour par une corde de pendu –

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