Après un arrêt de plusieurs mois à cause de la pandémie de la Covid-19, l’Institut français de Tunisie (IFT) a repris ce mois ses différentes activités (concerts de musique, projections de films, rencontres littéraires …); et c’est dans le cadre du cycle «ID’BA» que l’auditorium de l’institut a accueilli le soir du lundi 21 septembre 2020 une rencontre autour de l’ouvrage collectif «Vivre au temps du Covid-19 ».
Par Fawz Benali
Animée par la journaliste Olfa Belhassine, la rencontre était l’occasion de débattre avec quelques uns des auteurs ayant contribué à la réalisation de cet ouvrage collectif paru aux éditions Nirvana, qui a pas mal fait parler de lui depuis sa parution en juin 2020, soit quelques semaines seulement après la fin du confinement général en Tunisie, comme étant une référence imbriquant à la fois la recherche, le constat, le témoignage et le questionnement sur les différents impacts qu’a pu avoir le virus sur le quotidien des Tunisiens.
Témoigner sur un moment inédit de l’Histoire
Parmi les nombreux chercheurs ayant participé à cet ouvrage, l’IFT a accueilli Oissila Saaidia, professeur des universités en histoire contemporaine et directrice de l’Institut de recherche sur le Maghreb contemporain (IRMC) qui a piloté ce projet, ainsi que Jamie Furniss et Marouen Taleb (chercheurs à l’IRMC), venus nous parler de cette aventure collective née en plein milieu de la crise sanitaire et durant le confinement général qui n’ont pas empêché la réalisation de ce recueil de chroniques dont la volonté de réalisation s’est imposée presque comme une évidence et un besoin de témoigner – chacun depuis son positionnement et en se référant à son domaine de recherche – de ce moment inédit de l’Histoire.
Réunissant une dizaine de chroniques avec deux textes introductifs et une conclusion signés Oissila Saaidia – directrice du projet –, et bien qu’il soit écrit par des académiciens et chercheurs, «Vivre au temps du Covid-19» reste un ouvrage grand public grâce au ton léger et aux thématiques accessibles qu’il aborde. «On a souhaité faire de la recherche autrement, sortir de l’ombre et inventer un nouveau style avec les chroniques», indique Oissila Saaidia qui explique que les chercheurs ont aussi un rôle à jouer dans la société.
L’IRMC tient d’ailleurs beaucoup à cette idée d’aller à la rencontre d’un public plus large d’abord avec cet ouvrage dont une version arabe est prévue de sortir prochainement, mais aussi à travers les conférences dans les universités, les cafés-débats et les rencontres organisées dans les régions.
Faire de la recherche autrement
Alors que chacun était confiné chez-soi, Oissila Saaidia a eu très tôt l’idée d’appeler les chercheurs de l’IRMC (différents domaines confondus) à « se retrouver» même à distance autour d’un projet qu’elle qualifie de «fédérateur» et de «fécond», d’abord pour garder le lien et continuer à faire de la recherche autrement, mais aussi pour tenter de décrypter cette nouvelle actualité dans toute sa complexité et qui a touché sans exception tous les secteurs et toutes les classes sociales.
La Covid-19 fut en effet un sujet extrêmement intéressant à étudier de par sa complexité, mais aussi parce qu’il s’agissait d’un phénomène complètement nouveau qui ne permettait aucune comparaison avec tout ce que l’humanité a pu traverser jusque-là. «Tous les aspects de la vie ont été chamboulés, même plus qu’en temps de guerre», souligne la directrice de l’IRMC.
Parmi les nombreuses thématiques abordées dans l’ouvrage, l’anthropologue et chercheur spécialiste de la question environnementale Jamie Furniss a choisi d’évoquer dans l’une de ses chroniques l’impact qu’a eu le virus sur l’économie circulaire et en particulier sur ceux qu’on appelle les «barbecha» ou les ramasseurs/recycleurs des ordures dont l’activité n’est pas enregistrée au registre du commerce et qui ont été directement affectés par le confinement général, avec la baisse du prix de revente du plastique et l’interdiction de circulation.
La précarité a évidemment touché différentes autres activités professionnelles; et dans les régions intérieures du pays, les classes sociales les plus fragiles et en particulier les personnes âgées étaient les plus menacées face à la défaillance des services de santé. Le chercheur Maouen Taleb évoque dans ce sens «une dynamique territoriale» menée essentiellement par la société civile tunisienne et notamment les jeunes qui se sont mobilisés avec les services publics pour venir en aide aux plus vulnérables à travers des actions de sensibilisation et de développement locales.
Une autre rencontre est prévue autour de cet ouvrage en présence de Oissila Saaidia, le samedi 26 septembre à la Maison de France de Sfax, dans le cadre de la rentrée littéraire de la Médiathèque de l’Institut français de Sfax.
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