La stratégie mise en place par la Tunisie pour contrer la pandémie de la Covid-19 n’a pas été très bonne. Et la faute en revient en grande partie au gouvernement sortant qui a passé son temps à pavoiser en criant victoire au lieu de mettre en place et surtout faire appliquer sur le terrain le protocole sanitaire.
Par Hakim Tounsi *
Alors que la planète entière avait compris que nous ne pouvions pas prolonger le confinement général comme solution, les Tunisiens se cramponnaient à la fermeture des frontières et au confort impossible de vivre en autarcie. Nous nous sommes épuisés durant 3 mois avant l’été, moi le premier, à nous battre pour faire admettre à qui voulait nous entendre qu’il fallait plutôt prendre les bonnes dispositions pour cohabiter avec le virus que d’organiser des cérémonies pour s’auto congratuler prématurément d’une fausse victoire.
On a maladroitement diabolisé les Tunisiens résidents à l’étranger
Durant cet été après avoir diabolisé les Tunisiens résidents à l’étranger (TRE), la plupart des Tunisiens de l’intérieur n’étaient pas prêts à porter le masque ou à respecter le moindre geste barrière. Les cafés étaient bondés et les fêtes de mariage rassemblaient des centaines de personnes qui s’échangeaient les embrassades et les accolades sans aucune protection.
Nous étions le peuple élu qui avait vaincu le Covid-19. Bref l’erreur est commise et consommée.
La Tunisie a mis trop de temps à admettre que la fermeture des frontières et le confinement général n’étaient plus possibles. Nissaf Ben Alaya, directrice générale de l’Observatoire national des maladies nouvelles et émergentes (ONMNE) était devenue la championne de la défense d’une solution impossible et irréalisable. La Tunisie ne s’est alignée que vers la mi-juillet sur la position de cohabitation avec le virus suivant en cela la tardive position officielle de l’Organisation mondiale de la santé (OMS).
C’est à ce moment là que le gouvernement Fakhfakh a arrêté toute activité et initiative dans l’attente d’un changement de gouvernement marqué par un débat de très bas niveau. Sans défendre le gouvernement Mechichi, ce dernier a hérité d’une situation caractérisée par le fait accompli. La marge de manœuvre est aujourd’hui réduite. À mon sens, il n’y a plus d’autres choix que d’avancer en essayant de rattraper le retard pour la mise en place et le strict respect des gestes barrières en améliorant dans la mesure du possible les capacités d’accueil dans les hôpitaux publics et les cliniques privées pour éviter le pire. La Tunisie doit se surpasser pour aller dans ce sens.
Couper court au débat nocif et stérile sur l’ouverture des frontières
Le précédent gouvernement a fait de la désinformation et n’a ni bien informé ni préparé l’opinion publique en Tunisie. Encore aujourd’hui, certains continuent à insulter les TRE et à insulter ceux qui ont été pour l’ouverture des frontières et le retour au travail. C’est criminel de leur part et il n’est pas normal que le nouveau gouvernement ne se prononce pas sur cette question pour couper court à un débat nocif et stérile.
Certains hommes politiques en Tunisie ont trop pris en considération les avis exprimés sur FB au lieu d’écouter les experts pour prendre les bonnes décisions. Il faut revenir au sérieux et à la raison et tout ira bien, inchallah. Le vaccin est paraît il attendu pour cet hiver. D’ici là, il faut se protéger en respectant strictement les gestes barrières, puisqu’il va falloir vivre encore longtemps avec le virus.
* Dirigeant fondateur du TO Authentique, Paris.
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